Sa Préférée
Parution le 25 août 2022
200 pages
20 €
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Thème
Dans ce coin du Valais, habité par des montagnards taiseux, Jeanne, la narratrice, est poursuivie par son enfance et sa difficulté à vivre dans le présent. Jeanne vit avec Claire, sa mère, et Emma, sa sœur. Une vie rythmée par la violence d'un père tyran alcoolique: il les maltraite, les bat, les humilie. Les ragots se murmurent, les secrets se terrent. Même le docteur Fauchère, le médecin de famille, se tait. Il cache lui aussi un secret. Jeanne finit par fuir ce milieu et son père tortionnaire en entrant à l'Ecole Normale d'instituteurs à Sion. Puis elle s'installe à Lausanne. Elle nage, nage et nage encore dans le lac Léman pour tenter de se laver de son passé.
Dans cette quête désespérée pour trouver l'oubli, Jeanne paraît parfois avoir hérité de la brutalité de son père. Sa relation avec les autres en est perturbée : elle a une image dégradée des hommes ce qui la pousse dans des aventures avec les femmes - dont Marine qui la comprend et lui apporte des moments de paix. Mais c'est la rencontre avec Paul qui semble lui donner un début de pulsion de vie. Cependant une série de drames viendra perturber sa convalescence et raviver sa culpabilité.
Points forts
Les chapitres courts et rythmés donnent toute la force aux descriptions des violences subies, au désespoir de Jeanne et à sa douleur qui, comme un appel à l'aide, est un cri de détresse.
Quelques réserves
Certaines scènes particulièrement dures sont difficiles à lire. Et la fin du roman qui sera interprétée selon les lecteurs et les lectrices.
Encore un mot...
Sa Préférée est un roman coup de poing très réussi. Les portraits de Claire la mère, et d'Emma la sœur, battues dès les premières pages, apparaissent en contrepoint de la brutalité du mari et du père. Apparaissent ensuite les portraits de Marine et Paul qui semblent donner de l'espoir. L'auteur nous fait suivre une galerie de personnages bons et mauvais. Mais le malheur semble avoir frappé Jeanne très jeune et elle n'a pu échapper à cette « dévastation ». Avec de beaux passages sur l'amour, le deuil, le désespoir, ce roman est aussi un livre sur les racines et l'attirance vers le passé. Le style est direct, impitoyable : on peut rester K.O. en refermant ce livre magnifique.
Une phrase
- « Je n'avais pas trente ans, j'étais en guerre. Depuis toujours, pour toujours. » (p. 24)
- « D'une manière primaire et simpliste, j'avais décidé que les hommes n'étaient que des amène-douleur. Ce n'était pas mon choix du corps, pas un choix intellectuel, un choix idéologique, mais une intention ferme et volontaire posée à l'orée de mon adolescence. […] Mon homosexualité était un choix de douleur, celui du rejet affectif de ceux -mon père et le docteur Fauchère -dont j'aurais voulu simplement être aimée. » (p. 149)
L'auteur
Sarah Jollien- Fardel est née en 1971. Elle a grandi dans le Valais et y vit toujours. Devenue journaliste, elle s'est lancée en littérature avec Sa Préférée, son premier roman.
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