Roman de gare
Paris, août 2024
240 pages
22 €
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Thème
A l'issue d'un échange débridé entre quelques piliers du bar d'un bistrot parisien du dixième arrondissement (Pierrot, Dédé, Gérard et les autres), deux copains, l'auteur et son complice Simon (dit Buck) partent à la découverte, avec leur baluchon pour seul bagage ! Leurs pérégrinations nocturnes -sans billet, sans filet ni garantie- les baladent aux marges de la France actuelle, de ses règles et de son Etat-nounou !
Ce récit s'inspire explicitement d'illustres précédents littéraires, particulièrement emblématiques de l'Amérique comme Jack London, l'auteur de La Route (1907) ; et Jack Kérouac dont le récit Sur la route (1957) fut la bible des beatniks des années soixante. Roman de gare se nourrit aussi d'autres sources que Philibert Humm évoque joliment au fil de ses pages, plaçant ça et là quelques vers, tant en exergue du livre que de plusieurs chapitres: de Victor Hugo, de Paul Verlaine, de Jean Richepin et de Georges Brassens notamment !
Points forts
Bien troussé, enlevé et souvent élégant, ce récit est écrit dans une langue directe et simple ; l'expression est riche mais naturelle. Elle nous transporte élégamment de gare en gare, frisant parfois le rêve éveillé ; sa forme, toujours légère, est détachée des contingences. Drôle, adulte et majeur, à la fois, c'est une performance rare de nos jours !
L'humour et le détachement de Humm cumulent aphorismes, remarques bien senties et brèves digressions, toujours très évocatrices.
L'esprit et l'à-propos de l'auteur contribuent au charme de ce joli livre, aussi bien pensé que réalisé, sous couverture cartonnée. Il va donc de soi que l'humour cinglant de Jules Renard convienne parfaitement à Humm qui en cite une sentence à la fin du livre : « je n'ai jamais eu la chance de manquer un train auquel il soit arrivé un accident » (p. 219) !
Quelques réserves
J'ai retrouvé dans cette aventure contemporaine l'allant et la verve d'un grand ancêtre que notre auteur ne peut décemment pas ignorer, tant l'entrée en matière de son Roman de gare évoque le défi que relevèrent les comparses du célèbre canular littéraire de Jules Romains, intitulé : Les Copains, paru en 1913, livre un peu oublié de nos jours ; or, comme l'aventure ferroviaire de Humm et Buck, la virée vengeresse des copains d'avant-quatorze, visant les villes d'Ambert et Issoire, « trou du cul » de la France où se déchaînèrent ces potaches, naquit, elle aussi, dans un bistrot parisien ! Porté à l'écran par Yves Robert en 1965 avec une fort belle distribution (Balutin, Bedos, Lefèbvre, Lonsdale, Mondy, Noiret, Piéplu etc.), cette farce de potaches est toujours disponible en livre de poche (Gallimard-NRF).
Une phrase
- Observant ses copains de bistrot : « ils étaient l'anti-conformisme et la liberté ; des assoiffés d'azur, des poètes, des fous ! » p. 25
- à propos des Bretons : « si la Bretagne était si sensationnelle qu'ils le prétendent, il n'en feraient pas la publicité...si vous voulez mon avis : c'est louche ! » p.58-59,
- « On n'est jamais aussi bien que chez soi...seulement, il faut en partir pour le savoir ! » p. 128
- « Dans les petites aventures on retrouve les grandes, en raccourci ! » p. 222.
L'auteur
Philibert Humm a reçu le Prix Interallié 2022 pour Roman fleuve, le premier ouvrage qu'il signa seul, récit véridique d'une descente de la Seine de Paris à Honfleur en canoë-kayak (même éditeur) par trois personnages, directement inspirés par « Trois hommes dans un bateau », chef-d’œuvre d'humour britannique de Jerome K. Jerome, qui se déroulait en barque, sur la Tamise.
Cet auteur trentenaire, rien ne le définit mieux que la note introductive du livre : « l'éditeur consent à publier (ce livre) par charité chrétienne – et aussi pour équilibrer ses comptes. Ne tentez en aucun cas d'imiter l'auteur...vous risqueriez de vous pincer très fort. » (p. 12)
Ils viennent de sortir
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