Infos & réservation
Thème
En ouverture, on lit : « L. n’aurait pas pensé à lui si ce n’était pas arrivé. Et ce qui était arrivé, c’était que la mort avait failli la faucher cette année-là. La mort avait tenté de la prendre par surprise ». On ajoute : L., victime d’une rupture d’anévrisme, a effectivement failli être emportée par la mort. Peu avant, écrivaine, elle avait publié un essai sur les amours occultées de trois « aimantes inouïes » : Taos Amrouche- l’amante de Jean Giono, Catherine Pozzi- la Béatrice de Paul Valéry, et Camille Claudel- la « divinité » de Rodin. Revenue à la vie, L. repense à l’IRM qu’elle surnomme l’« Idyllique Royaume des Mots », et à ce qui compte pour elle : les livres et l’écriture, et deux hommes. Il y a B., le compagnon des dernières années, peintre rationaliste et personnalité extravertie, et Roman, le complice plus que l’amant, le jeune exilé, né à Montevideo, arrivé en France à 6 mois, grand admirateur des textes de L; L., qui, veut voir en ces hommes son alter ego, son double, son frère mort à la naissance.
Points forts
-Un texte étincelant où les arts tiennent une belle place- avec les « aimantes » de Giono, Valéry et Rodin.
-L’écriture de Linda Lê, à la sobriété exemplaire.
-Le récit parfaitement mené d’une renaissance et d’une quête de l’Autre pour mieux se (re)trouver.
-La proposition de voyage dans cette contrée que l’auteure nomme l’« Idyllique Royaume des Mots ».
Quelques réserves
Les jaloux et autres mesquins trouveront peut-être dans ce Roman un point faible : la grande culture littéraire et artistique de Linda Lê qui pèserait sur la fluidité du texte…
Encore un mot...
Une femme a échappé à la mort. Alors, elle se met en quête de cet Autre en qui s’exiler et qui serait tout à la fois frère de substitution, jumeau perdu puis retrouvé et double sublimé. Sera-t-il, cet inconnu, prénommé Roman ? Le grand livre de la renaissance, de la résurrection.
Une phrase
« L. n’aurait pas pensé à lui si ce n’était pas arrivé. Et ce qui était arrivé, c’était que la mort avait failli la faucher cette année-là. La mort avait tenté de la prendre par surprise, si bien que, après lui avoir échappé, elle en était encore tout étonnée, comme si le sursis qui lui avait été accordé était en fait accordé à quelqu’un d’autre, quelqu’un qui n’avait rien à voir avec elle, quelqu’un qui lui était totalement étranger ».
L'auteur
Née en 1963 à Đa Lat (Vietnam), Linda Lê est arrivée en France avec sa mère et ses sœurs à l’âge de 14 ans. Après son adolescence au Havre, elle s'installe à Paris à 18 ans pour étudier au lycée Henri-IV puis à la Sorbonne. Elle publie son premier roman, Un si tendre vampire, en 1986 avant de rejoindre les éditions Christian Bourgois chez qui elle publie l’essentiel de sa production littéraire, dont "Roman", dernier livre en date. Auteure traduite en anglais, néerlandais et portugais, Linda Lê fuit le jeu médiatique et aime à se présenter comme « un ours qui se terre ». Parmi ses récompenses : le prix Renaissance de la nouvelle 1993 pour Les Évangiles du crime, le prix Fénéon 1997 pour Les Trois Parques, le prix Wepler 2010 pour Cronos ou encore le prix Renaudot du livre de poche 2011 pour A l'enfant que je n'aurai pas.
Ajouter un commentaire