Roi par effraction
300 pages
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Thème
Le destin peu banal de Joachim Murat est un bon sujet de roman, une tragédie que François Garde nous décrit avec talent. Comment Murat fils d’un petit aubergiste est-il devenu le hussard fougueux et flamboyant commandant la cavalerie de Napoléon, puis son beau-frère, puis roi de Naples puis rien du tout. Comment, dans une période trouble et violente, un homme du peuple peut s’élever au sommet du pouvoir par son courage, son intelligence et bien-sûr son mariage avec Caroline la sœur de Napoléon (!), mais qui ne pourra jamais s’y maintenir dans une époque où les préjugés sociaux et l’esprit de caste sont forts. A la fin de son épopée, tandis que son maître Napoléon vogue vers sa dernière île, il sera pauvrement fusillé dans la cour d’une petite caserne calabraise par la vieille aristocratie hautaine qui ne daignera pas le voir autrement que comme un vulgaire aventurier.
Points forts
L’auteur manie bien le procédé littéraire d’alterner les derniers jours d’un condamné à mort dans la solitude de sa cellule avec ses souvenirs des moments forts de sa vie. Cela donne un bon rythme au roman et une belle ambiance dramatique. L’intérêt du récit réside dans l’intrusion dans la vie intime d’un second couteau, des moments forts de sa carrière glorieuse sans être submergé par les détails de la grande histoire. On voit bien l’ombre de Napoléon qui toujours regarde au-dessus de l’épaule de son beau-frère et subordonné.
Quelques réserves
On n’est pas encore dans une biographie de Stefan Sweig qui parvient à nous faire partager l’intimité et la pensée profonde de son sujet.
Encore un mot...
La vie de Murat reflète parfaitement le dicton populaire qui dit qu’il vaut mieux être grand chez les petits, lorsqu’il était un hussard, que petits chez les grands, quand il était roi. Mais dans les deux cas l’aventure mérite d’être tentée.
Une phrase
En ce bel automne 1815, Napoléon n’a pas échoué moins que lui. L’un est prisonnier sur une frégate qui navigue vers le sud, l’autre dans cette forteresse de Calabre. L’exil infamant ou le peloton d’exécution, qu’importe ! Lente et humiliante, ou rapide et honorable, leur fin est programmée, leur page déjà tournée. Que le corps dépérisse peu à peu dans les brouillards d’une île aux extrémités du monde ou s’écroule bientôt sous la mitraille n’y changera rien. Les destins des deux beaux-frères se rejoignent enfin, dans un désastre politique et intime. Sur la carte de l’Europe leurs dés ont fini de rouler. Consummatum est. Tout est accompli (p.220).
L'auteur
Né en 1959 François Garde est un énarque voyageur et écrivain touché par la grâce de l’écriture de romans sur le tard, consacré en 2012 avec « Ce qu’il advint du sauvage blanc » contant avec brio les aventures d’un naufragé chez les aborigènes, couronné par de nombreux prix.
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