Que va t-on faire de Knut Hamsun ?

L'humanisme en questions sans réponse?
De
Christine Barthe
Editions Robert Laffont - 191 pages
Notre recommandation
4/5

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Thème

Ecrivain norvégien et Prix Nobel de littérature en 1920, Knut Hamsun a soutenu le régime hitlérien pendant la 2e Guerre mondiale. Persuadé qu’il fallait préserver la ruralité de son pays contre l’industrialisation, il  s’est rallié au projet allemand et à l’idéologie pro-nazie. Le roman, qui se déroule de l’arrestation de l’écrivain, en 1945, jusqu’à sa mort, en 1952, à l’âge de 92 ans,  nous raconte ses dernières années, ballotté entre une maison de retraite et un hôpital psychiatrique en attendant d’être jugé.

Points forts

-Sans prendre parti, l’auteur se glisse dans la peau de Hamsun, s’introduit  dans les méandres de sa pensée et tente d’en soulever les contradictions. En l’occurrence, il s’agit de  la pensée de l’un des plus grands écrivains norvégiens qui a écrit sur les hommes, sur leurs comportements et qui a pris parti pour le régime nazi tout en sauvant des juifs. Un prix Nobel peut-il se tromper ? Et de surcroît, ne jamais avoir de regrets ?

- Le roman prend toute sa dimension dans la seconde partie : une part d’humanité de l’écrivain, puisque c’est elle que nous recherchons, y apparaît au travers de sa volonté tenace d’être jugé alors que l’opinion souhaiterait invoquer ses capacités intellectuelles détériorées et conserver en mémoire l'icône littéraire. Et puis, vient la  lettre bouleversante d’une femme qui l’a aimé mais qui n'arrive toutefois pas à pardonner.

- Hamsun, personnage faiblissant dans les affres de la vieillesse, devient presque attachant.  Tout le monde aurait le droit de se fourvoyer dans une période aussi trouble, la pensée est si complexe…mais pourquoi un sursaut de lucidité lui a-t-il fait défaut ? 

- Des personnages secondaires énigmatiques donnent de l’intensité au récit: Nils, qui semble incarner la mauvaise conscience de Hamsun et dont on espère qu’il pourrait le conduire à un mea culpa, puis Eilin, l’infirmière qui l’apaise sans qu’il en comprenne les raisons.

Quelques réserves

La première partie du roman aurait mérité plus de rythme.

Encore un mot...

Peut-on dissocier l’œuvre de l’homme ? Condamner l’homme a-t-il pour conséquence de condamner sa production intellectuelle ?

Peut-être ne faudrait-il jamais connaître la vie réelle d’un artiste afin d’être touché par son œuvre.

Le débat existe depuis longtemps et la question ne cessera d’être posée.

Une phrase

« Un homme n’est pas tout noir ou tout blanc, il n’est ni mauvais ni bon mais les deux à la fois. Je ne suis pas un autre personnage, ou différents personnages, je suis une variété réunie dans un corps. Ce n’est pas ce que vous avez appris dans vos manuels ? Qu’avez-vous appris, qu’un homme est une ligne droite qui va d’un point A à un point B ? ». page 102

L'auteur

Christine Barthe est psychothérapeute à Paris. Passionnée par les mots, elle se lance dans l’écriture et est remarquée par le jury d’un concours de nouvelles à Radio-France en 1994.

« Que va-t-on faire de Knut Hamsun ? » est son premier roman. 

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