Quand sort la recluse
Infos & réservation
Thème
Trois morts en un court laps de temps, de morsures d’araignée. Personne n'y voit autre chose que le retour de la recluse violoniste, cette araignée d’Amérique qui peut nécroser un membre en quelques jours. Et de fait, c'est bien de son venin qu'ont succombé les trois premières victimes.
Pourtant, le commissaire Adamsberg, qui "voit entre les brumes", refuse d'y voir un simple hasard ou une mutation de la bête comme certains le supposent. Contre toute apparence, et en dépit de la perplexité initiale de sa Brigade face à son entêtement, le flegmatique commissaire poursuit son intuition qui, une nouvelle fois, ne le trompe pas: une intrigue qui le replonge dans le passé d'un orphelinat nîmois et dans le Moyen-Âge des femmes recluses, le confrontant à ses propres terreurs d'enfant. A mesure que l’enquête avance, les pistes et les morts se multiplient, et c'est à petits pas que la Brigade va détricoter la toile de cette vengeance contemporaine d'un drame ancien.
Points forts
- Encore une fois, Fred Vargas nous capture le temps d'une lecture qu'on ne peut plus lâcher, et nous lance à la suite d'Adamsberg dans une intrigue qui n'en finit pas de nous dérouter et que l'on cherche à maîtriser en petit-déjeunant, sur le chemin du travail, en dormant...
- Le style fluide et teinté d'humour de l'auteur, la force de chaque personnage, les intrigues parallèles à l'enquête, le travail approfondi des dimensions historique et psychologique de l'intrigue, sont autant d'éléments par lesquels Fred Vargas s'illustre une nouvelle fois comme maîtresse du genre.
Quelques réserves
- Le thème du retour de la recluse fait un peu trop écho au retour de la peste qui avait fait le succès de Pars vite et reviens tard.
- Et certains aspects et explications de l'intrigue m'ont semblé par ailleurs un peu trop tirés par les cheveux.
Mais tout cela ne m'a pas empêchée de dévorer le roman en deux jours...
Encore un mot...
Le récit prenant d'une intrigue coriace, qui porte bien la patte Vargas, bien qu'elle en ait, à mon sens, écrit des meilleurs.
Une phrase
"Adamsberg prenait conscience que ce n'était pas une seule "proto-pensée" qui embrouillait son esprit mais toute une bande éparse de bulles gazeuses - et bien sûr que cela existait -, dont certaines si petites qu'on pouvait à peine les discerner. Il les sentait s'agiter dans les voies diverses et leurs trajectoires s'affoler. En prise à deux questions irrésolues - et il y en avait d'autres, de toute évidence-, les bulles n'avaient pas plus de chances de trouver un chemin qu'un homme qui louche. Ou que ce fameux type qui court deux lièvres à la fois - et on ne sait pas pourquoi, à moins d'être un crétin complet - et les manque tous les deux." 1ère page du chapitre 41.
L'auteur
Née en 1957, Fred Vargas - de son nom d'auteur - a étudié l'histoire, et s'est spécialisée sur le Moyen-Âge auquel on trouve de nombreuses références dans plusieurs de ses livres. Elle est devenue archéologue puis s'est mise à la littérature policière, "pour contrer l'austérité scientifique du métier d'archéologue".
Au fil des romans policiers qu'elle a publiés, Vargas a développé un genre à part entière, qu'elle nomme le "rompol": des personnages surprenants, des crimes de toute nature et touchant des multitudes de sujets différents, le rythme spécifique que donnent les personnages à chaque enquête.
Mais la signature de Vargas, c'est aussi toute une ambiance dans laquelle se replonge, chaque fois avec délice, le lecteur: la vie de cette brigade parisienne, animée par ces flics auxquels on s'attache et par le génial commissaire Adamsberg, qui fascine. Quand sort la recluse est le 9ème roman qui le met en scène.
Ajouter un commentaire