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C’est un coup d’œil intrigué dans l’ouverture d’une porte coulissante, une promenade furtive dans l’existence d’individus que Yasunari Kawabata nous offre dans ce recueil de nouvelles. Des récits où l’on s’abîme dans la mélancolie de personnages divers et la contemplation d’une nature omniprésente. Le lecteur peut alors suivre des êtres auxquels l’auteur donne un regard tantôt littéraire tantôt philosophique sur leurs propres vies.
Un ancien couple, séparé par la guerre, uni dans la vie par la mort d’un enfant, se retrouve fortuitement réuni le temps d’une journée. À l’étrange sensualité de ce moment, se mêlent les détresses d’hier, les angoisses de l’avenir et la beauté des premières neiges sur un mont Fuji enveloppé de nuages …
La relation de deux écrivains, dont on ne sait si le plus vieux est atteint d’aphasie ou s’il se complet dans un mutisme volontaire, donne lieu à un dialogue surprenant sur le sens des mots et la façon dont ils touchent les êtres …
Le retour d’un homme sur les terres de son enfance donne lieu à une redécouverte nostalgique d’endroits qui l’ont vu grandir sur fond de crépuscule. Un moment presque figé dans le temps d’où surgissent des fantômes venus d’un lointain passé …
Des enfants jouent innocemment à l’intérieur d’une maison, loin de s’imaginer que dans la pièce voisine, des adultes éprouvent craintes et incertitudes, et qu’au dehors, sous une pluie battante, le destin d’êtres se joue …
Yûko fait une curieuse rencontre en la personne d’une femme avec son bébé. La méfiance cédant le pas à la charité, elle achète de la laine à cette personne. Après le départ de la colporteuse, Yûko se rend compte que son porte monnaie à disparu alors que son père s’inquiète du dénudement des arbres …
Une odeur de femme, deux amants qui se rencontrent en cachette, un vieux temple de Tokyo et le poids mémoriel de l’hérédité se mélangent dans une histoire sentimentale dont seul un vieil érable semble être le témoin …
Ces six nouvelles, écrites entre 1952 et 1960, rassemblent des thèmes récurrents dans l’œuvre de Kawabata : la recherche du beau, la présence d’une nature originelle, la sensualité féminine, la mélancolie ou l’angoisse de la mort.
Points forts
• Une prose extrêmement poétique et harmonieuse, des descriptions comme des souffles.
• Les peintures esquissées par Kawabata, si elles sont d’une surprenante simplicité, n’en sont pas moins puissamment évocatrices et d’une grande beauté. Kawabata réussit avec une étrange facilité à nous donner des moments de vies saisis au vol et des histoires dont l’on ne sait plus bien si elles appartiennent à la réalité ou au rêve.
• On peut apprécier, sous l’esthétique stylistique de Kawabata, un tableau de la société japonaise. On y retrouve des destins bouleversés par les affres de la Seconde Guerre mondiale, le poids des traditions liées au respect des aînés ou de l’âme des ancêtres et des morts, la présence essentielle (et religieuse) de la nature, notamment des arbres.
• Une littérature qui, bien qu’assez contemplative, n’est nullement assommante mais tend plutôt vers le recueillement ou la médiation au sujet de l’emprise des hommes sur leurs existences et leur environnement.
Quelques réserves
• Nous n’en voyons pas …
Encore un mot...
Qu’on est déjà – ou jamais – lu Kawabata, ce recueil empli de poésie est à ne pas manquer.
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