Poison Florilegium
Editions Belfond,
304 pages,
21 euros
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Thème
Eve se remémore sa vie en arpentant les quartiers de Londres, qu’elle a habités. On comprend qu’elle a tout gâché, qu’elle a vécu volontairement une descente aux enfers. Elle raconte sa jeunesse dévergondée à New-York, où elle a vécu plusieurs années à la sortie de son école d’art. Elle parvient à sortir des griffes d’un artiste manipulateur et séducteur invétéré, pour épouser un architecte à la mode, dont elle aura une fille Nancy, qui l’horripile.
Sa spécialité en peinture, ce sont les fleurs, mais elle refuse qu’on la réduise à son chef d’œuvre, Underground Florilegium, qui appartient d’après elle à un passé révolu. Pour se renouveler, à soixante ans, elle se lance dans un projet ambitieux, un tableau monumental ne représentant que des fleurs vénéneuses. Elle travaille avec acharnement et recrute, en plus de ses deux assistants, un certain Luka, beau, secret et sensible. Après vingt ans de « diète », elle ressent un désir violent pour ce jeune homme romantique à souhait. Ils deviennent amants, même si elle a du mal à y croire à cause de leur différence d’âge. Cette passion dévorante l’aveugle pourtant sur les véritables intentions de Luka et de sa sœur Belle.
Points forts
• Eve, le personnage principal, se dévoile progressivement aux yeux du lecteur. Elle se montrera aussi vénéneuse que les plantes qu’elle peint. Elle détruira tout ce qu’elle a construit, jusqu’à perdre sa dignité et sa réputation.
• Une vision négative des sentiments : l’amour ne dure pas, la libération sexuelle n’apporte pas le bonheur, l’amitié est gâchée par l’envie, les rivalités, les trahisons.
• Le vieillissement des femmes prêtes à tout pour se croire encore jeunes est évoqué avec une ironie incisive.
• L’art contemporain est critiqué de manière réjouissante à travers toutes ses dérives. Cet univers frelaté se complaît dans des provocations plus répugnantes les unes que les autres et apparaît comme une vaste escroquerie.
Quelques réserves
• La construction du récit, qui alterne le présent et le passé, peut lasser en tant que procédé d’écriture.
Encore un mot...
Dans ce roman captivant, Annalena McAfee mêle astucieusement les désordres amoureux aux aberrations de l’art contemporain autour de cette artiste originale et talentueuse. Sa « chute libre », racontée avec brio, est due à l’absence de la reconnaissance dont elle a besoin pour vivre pleinement. La renaissance de sa passion pour la peinture grâce à une œuvre audacieuse éveille en elle cet appétit charnel, irrésistible et fatal.
Une phrase
« Une vie a été nécessaire pour tout construire, une seconde pour tout briser. » p.13
« La peinture et une passion : l’artiste n’a besoin de rien d’autre. » p.274
L'auteur
Née à Londres en 1952, Annalena McAfee, la femme du grand auteur britannique Ian McEwan, est journaliste littéraire pour le Financial Times et le Guardian, et éditrice. Elle a publié son premier roman en 2013 Le Doux Parfum du scandale.
Poison Florilegium est sélectionné par le prix Femina étranger 2020.
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