Patria
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Thème
En 2011, l’ETA annonce l’arrêt de son action armée, après cinquante ans de violences de plus en plus aveugles. Une veuve en noir, Bittori, se rend au cimetière pour annoncer cette nouvelle à son mari, le Taxto, qui, ayant refusé de payer « l’impôt révolutionnaire », a été assassiné.
Installée de force par son fils à Saint Sébastien après le drame, elle décide de revenir au village, où elle a vécu pendant tant d’années. Elle veut connaître enfin la vérité, quitte à affronter l’hostilité de tous, et surtout celle de Miren, amie si proche autrefois, dont le fils Joxe Mari s’est engagé avec fougue dans l’organisation séparatiste. Est-ce lui qui a tué le Taxto ? Il passera en tout cas dix-sept ans en prison.
Dans cette région du Guipuscoa, un des fiefs des indépendantistes basques, cette lutte fratricide va déchirer ces deux familles au passé intimement lié. Comment guérir de telles blessures ? Une forme de pardon est-elle possible ?
Points forts
• La construction du livre donne du rythme au développement du récit : de courts chapitres alternent les points de vue et les époques, le passé éclairant le présent.
• On apprend beaucoup sur ces années de plomb : d’un côté, les attentats incessants annoncés par les menaces, le chantage, les rançons réclamées par l’ETA, qui se radicalise en s’attaquant à ceux qui n’épousent pas sa cause ; de l’autre, la peur, le silence coupable ou la délation, la lâcheté du voisinage, et aussi le courage, voire l’héroïsme de certains.
• Joxe Mari incarne le jeune terroriste idéaliste, persuadé de la justesse de la cause qu’il défend, mais, dans la solitude de la prison, il sombrera dans la haine et l’amertume.
• Fernando Aramburu privilégie la dimension humaine en nous plongeant dans la réalité quotidienne de ce conflit meurtrier, dont la brutalité bouscule l’itinéraire de chacun des neuf personnages, tous très vrais et très attachants. Il nous passionne en restituant avec finesse, profondeur et humour, les principales étapes de leur vie.
• Les anciennes amies inséparables, deux femmes de caractère, Bittori et Miren, assomment leur entourage de leurs reproches constants. Dures, impatientes, jamais contentes, mais fortes et combatives, elles tiennent avec autorité leur famille à bout de bras au milieu des tourments de cette période sombre.
Quelques réserves
• Un tic d’écriture gênant : les synonymes accolés, trop présents et inutiles.
Encore un mot...
Fernando Aramburu parvient, dans ce récit captivant du début à la fin, à articuler les drames irréparables causés par l’ETA avec la vie intime de deux familles aux choix opposés : une véritable prouesse !
Ce grand roman basque, considéré comme cathartique, a connu un succès extraordinaire en Espagne et est traduit en quinze langues. Il prend toute son actualité au moment où l’organisation indépendantiste vient d'annoncer sa dissolution
Une illustration
Une phrase
Ou plutôt deux:
- « Nous n’assassinons pas, nous exécutons. » p.268
- « En écrivant, j’ai été poussé par le désir d’offrir une vision positive à mes semblables, en faveur de la littérature et de l’art, donc en faveur de ce qui est beau et noble chez l’être humain. Et en faveur de la dignité des victimes de l’ETA dans leur individualité humaine. » Témoignage d’un écrivain p.523
L'auteur
Né en 1959 à Saint Sébastien, Fernando Aramburu réside en Allemagne depuis 1985. Après Le salon des incurables (2009) et Années lentes (2014), Patria a reçu en Espagne le prix national de Littérature et le prix de la Critique en 2017.
Commentaires
Excellent, en effet.
Ce livre pavé m'est tombé des mains.
Ce n'est pas une roman, mais une accumulation de devinettes :
Qui est-ce ? qui parle ? qui agit ? quel est le lien entre les personnages ? où est on ? quand ?
Va savoir...
Mais le plus important : quoi ? Trouver le fait, l'action, l'information, les 3 mots clés planqués dans ce bavardage qui vont faire avancer le récit, est une chasse épuisante..
Qui m'a vite épuisé.
Livre offert par mon béarnais de gendre que je remercie. J’ai aimé ce roman qui n’en est pas un car très proche de la vrai vie. Quoique la vie peut être un grand roman. J’ai connu de plus près cette histoire tragique écrite sur un mode perceptible qui renvoie aussi bien vers les victimes que vers les persecuteurs. Sans chercher à influencer le lecteur. Je suis une lectrice curieuse car j’ai enfin du temps pour moi. Je ne suis pas une intello, ni une cérébrale. C’est pourquoi j’ai aimé ce livre et que je ne comprends pas Jean Marie A. Cela me rappelle le livre de À Grandes : Inès et la joie dans le même esprit roman histoire que j’ai beaucoup aimé
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