Parmi toutes les autres

L’amour obsessionnel d’une jeune danseuse pour Degas. Un roman un peu décevant
De
Hélène Veyssier
Buchet-Chastel
Publication le 6 mars 2025
176 pages
17 €
Notre recommandation
2/5

Infos & réservation

Thème

Adèle, petit rat de l’Opéra, a 15 ans lorsqu’elle passe une nuit avec Degas. Le peintre a laissé sur sa table de chevet une esquisse de son tableau La Famille Bellelli qui sera exposée au Salon de 1867. Toute sa longue vie, Adèle n’aura de cesse de chercher Degas. Parmi toutes les autres est le récit de cette quête. Adèle éprouvera des sentiments variables pour Edgard. De l’amour, de la haine, puis lorsque Degas déclinera, de la tendresse mêlée à de la compassion. Mais le Degas hautain qui, pour certains, mettait en scène une “haine de classe”, sera la planche de salut de la provinciale Adèle, qui aurait pu verser, comme tant d’autres, dans la prostitution. Son mariage avec un libraire l’élève socialement et la propulse dans le milieu artistique de son temps. Mais retrouvera-t-elle Degas ? Et que dit le tableau ?

Points forts

Hélène Veyssier dresse le portrait mièvre à force de sensiblerie, d’une amoureuse, où la nostalgie, la douleur et la gaieté trouvent leur place.

La langue revêt des couleurs impressionnistes comme la peinture du grand Degas ou celle de Caillebotte. 

Le livre est aussi une plongée dans ce monde des danseuses et de l’opéra, source majeure d’inspiration du peintre. 

Transparaît aussi dans le récit, qui se déroule entre le Second Empire et la Troisième République, l’affrontement de classes. Adèle, la petite provinciale montée de Labenne à Paris sur les conseils d’une tante, et Degas, l’aristocrate d’ascendance italienne. 

Le monde des petits rats miséreuses en quête souvent d’un protecteur (les “abonnés à l’Opéra” dont Edgar faisait partie). 

Et Degas, l’artiste génial, le célibataire mondain, conformiste, moralement intransigeant.  

Quelques réserves

On avoue un peu de lassitude à suivre cette quête improductive de l’amoureux d’une nuit. Pourquoi cette obsession pour ce misogyne plein de morgue qui fait commerce de montrer la laideur de la classe d’Adèle (les blanchisseuses, les prostituées) ? On soupçonne qu’elle aurait pu le retrouver, elle qui se targue d’être proche de Tissot, un ami intime de Degas. Et l’autre vedette de ce petit livre, la famille Bellelli, si joliment et intelligemment portraiturée par leur neveu de Gas, ne tient pas ses promesses en tant qu’artifice littéraire. 

Encore un mot...

Le lecteur comblera peut-être une forme d’insatisfaction en admirant La famille Bellelli ou La petite danseuse de quatorze ans, le double d’Adèle, au musée d’Orsay.

Une phrase

 «  Je fus cette petite danseuse … et toute la vie je vous ai aimé. » (p.151)

L'auteur

Hélène Veyssier est une auteure et traductrice française spécialisée dans la littérature jeunesse et la fiction contemporaine dont Le jardin d’été (Arléa, 2029) et Pleine lumière (Sinope, 2022).

Ajouter un commentaire

Plain text

  • Aucune balise HTML autorisée.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.

Ils viennent de sortir