Paris-Briançon

Fatalité et dangerosité des réseaux sociaux
De
Philippe Besson
Editions Julliard
Paru le 6 janvier 2022
208 pages
19 euros
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Thème

Nous faisons la connaissance d’une douzaine de personnes qui vont emprunter le train de nuit pour Briançon. Les raisons du choix d’un train-couchettes sont diverses : l’un pour économiser les frais d’une nuit d’hôtel, certains pour innover, d’autres pour se détendre ou parce qu’ils ont raté le dernier train de jour, les jeunes pour rester ensemble. On se familiarise avec ces personnages tout à fait lambdas, on vit avec eux ces moments de rencontres improbables. Tous ignorent que le train n’atteindra jamais Briançon.

Points forts

  • C’est un ouvrage sur la fatalité. Pour une fois qu’ils mettaient les pieds dans un train de nuit, nos voyageurs étaient loin de se douter de ce qui les attendait. D’aucuns appellent cela le karma. L’auteur nous décrit la banalité des situations avant l’accident et on se demande ce que chacun a pu faire pour en arriver là. C’est assez effarant. On a dans la tête cette petite phrase : ils n’ont pas mérité cela.
  • L’écrivain rappelle avec force la dangerosité des réseaux sociaux, avec leur vindicte ahurissante : tout est bon pour faire un scoop et accuser à tout-va. Aucun respect des blessés, photos volées, commentaires dépourvus de délicatesse, c’est éprouvant cette course au « c’est moi qui ai posté la vidéo le premier ! »
  • Ce livre montre aussi la révélation des personnalités lors de cas extrêmes. Nous avons une gamme de comportements que nous n’aurions jamais imaginés lorsque le train roulait tranquillement auparavant, et qui apparaissent spontanément dès qu’il y a un coup dur. Il met en avant l’entraide immédiate et absolue des voyageurs « intacts » envers ceux qui ont été touchés.
  • L’écriture de Philippe Besson est un régal. L’auteur nous fait passer par une palette d’émotions, de vécus, de sensations, avec des mots simples dont la lecture est fluide, aisée, et nous offre des moments de grâce dans ce roman.

Encore un mot...

Philippe Besson, dans ce roman, nous offre une fois encore toute la bienveillance dont il fait preuve envers ses personnages, sans jamais les juger ni les critiquer, avec toujours une grande humanité. Tous ses « héros » sont faillibles, ce qui les rend très crédibles et attachants. Ce livre nous interroge sur le fait qu’en descendant simplement d’un trottoir, le cours de votre vie peut changer, même si l’on fait attention où l’on met les pieds !

Une phrase

Cet opus nous permet de réaliser combien l’on se confie beaucoup plus facilement à quelqu’un que l’on a jamais vu, que l’on n’est pas censé revoir, et le train est formidablement propice à ces confidences :

« L’homme du train est un inconnu. Il est beaucoup plus facile de se confesser devant une personne qui ne sait rien de vous, qui ne vous jugera pas, qui n’osera pas, qui ne vous délivrera pas de conseils, qui ne s’y sentira pas autorisée, c’est comme parler au vent, ou parler à la mer du haut d’une falaise. » (p.81)

L'auteur

Philippe Besson (1967 à Barbezieux Saint-Hilaire) s’est orienté, après des études de droit, vers une carrière de juriste. Il publie son premier roman En l’absence des Hommes en 2001 pour lequel il a reçu le prix Emmanuel-Roblès. Son roman Son frère, publié en 2001, sera adapté par Patrice Chéreau au cinéma. Il a également écrit L’Arrière-saison en 2002, La Maison atlantique en 2014. Arrête avec tes mensonges a obtenu le prix de la Maison de la presse en 2017. Il a publié une vingtaine de romans. Tous les livres cités sont publiés aux éditions Julliard.

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