Panne de secteur
224 pages
17,50 euros
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Thème
Un couple bobo, typique du français moyen, a une seule fille prénommée Bérénice. Persuadés que leur fille, d'après eux surdouée et future Einstein, doit faire ses études dans un lycée capable de la hisser vers les sommets, les parents réalisent qu'ils sont victimes de la sectorisation : le lycée dans lequel doit aller leur fille, en fonction de leur adresse, est non seulement d'un niveau ordinaire mais doit en plus accueillir une flopée de "primo-arrivants". Ils vont donc bidouiller une fausse localisation, avec l'aide de leur ancienne femme de ménage, devenue concierge aux abords du lycée Henri IV. Se faisant domicilier dans la loge, moyennant finances et en compagnie de quelques autres parents dans le même cas, ils font intégrer leur fille dans ce lycée prestigieux.
Bien entendu, la donzelle s'éprend d'un de ses petits camarades de classe, grand échalas prolétaire limite anarchiste se réclamant de Bourdieu et de Deleuze, qui se lasse très vite de la jeune fille trop bourgeoise à son goût. Et là, tout part en vrille. Le papa fait des pieds et des mains pour faire revenir le fieffé gandin à de plus nobles sentiments jusqu'à le payer pour lui éviter de travailler au fast-food du coin et mieux s'occuper de sa fille....
Points forts
- Ce roman est merveilleusement écrit. L'auteur a un vocabulaire illimité et manie la langue française comme personne. Là où nous exprimerions en deux petites phrases malhabiles, le romancier nous offre un joyeux paragraphe avec grand renfort d'imparfaits du subjonctif, un vrai délice.
- les personnages sont remarquablement étudiés : la jeune fille mignonne mais un peu falote, la mère plutôt transparente au quotidien, l'espèce de freluquet gauchiste, avec son tee-shirt sur lequel est inscrit "Bourdieu te voit", qui fait le paon en cour de récré et le pauvre père : au départ, c'est un adepte du bon vieil adage "moins j'en fais, mieux je porte", dont l'ambition personnelle frôle le niveau zéro. Mais lorsqu'il s'agit de sa fille, c'est une autre histoire. Lui qui menait une petite vie pépère va se retrouver pris dans un maelström et dégringoler de Charybde en Scylla avec pourtant le sentiment de donner le meilleur pour sa fille. Manifestement, il va apprendre à ses dépens que tous les moyens sont loin d'être bons et se retrouvera au bout du compte avec sa petite valise dans la rue ;
- le psychiatre consulté pour sortir de la mélasse livre un superbe petit conte salvateur qui a le don de remettre les choses à leur place.
- l'humour est omniprésent dans cet ouvrage, accompagné d'ironie narquoise, ce qui permet d'atténuer quelques situations tendues...
Quelques réserves
- De temps à autre, les phrases sont si longues qu'à l'arrivée, il nous faut repartir au début pour en chercher le sujet, mais ce n'est pas désagréable, petit clin d'oeil à Proust.
Encore un mot...
Cet ouvrage de Philippe B. Grimbert, est très abouti : le thème choisi, bien d'actualité, la narration si riche en mots peu courants, les retournements de situation, la fin avec sa note d'espoir, l'ensemble nimbé d'humour fin, tout concourt à une réussite méritée. Vivement le roman suivant !
L'auteur
Philippe B. Grimbert a vu le jour à Paris où il réside toujours en dépit du bon sens. Il est né deux ans après Salut les copains et devient professeur de médecine deux ans après la fin du magazine. Entre deux transplantations rénales, il trouve le temps d’animer l’émission de radio « Médecine au carrefour des sciences » et de s’adonner à l’écriture afin de supporter les turbulences du service public hospitalier.
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