Oslo, de mémoire

Souvenir d’une femme par l’effet miroir d’une autre femme. Le charme d’un roman-enquête mélancolique
De
Didier Blonde
Gallimard,
Parution le 4 Avril 2024
250 pages
17 €
Notre recommandation
3/5

Infos & réservation

Thème

L’auteur collabore au tournage à Paris d’un documentaire sur la vie d’une écrivaine norvégienne Cora Sandel. Cette participation réveille chez lui le souvenir flou d’une femme, Inga, qu’il a connue trente ans auparavant, pendant un séjour en Norvège. 

L’auteur se lance dans l’exploration des profondeurs de sa mémoire afin de retrouver jusqu’à leur redonner vie ses souvenirs d’Inga. Sa recherche joue sur les similitudes, vraies ou imaginaires, entre la vie de Cora Sandel à Paris, sujet du documentaire, et les réminiscences de la femme qu’il a connue à Oslo, Inga, il y a trente ans, lesquelles réminiscences, par un effet miroir, lui reviennent en mémoire. C’est une véritable enquête intérieure à travers les entremêlements parfois complexes de la mémoire et les éclairs surprenants qui en jaillissent.     

Un air de musique, une vieille photo, une exploration sur Internet, un simple nom ou une association avec un mot venu d’ailleurs, une voix suffisent à faire éclater un bouquet de réminiscences. Mais les réminiscences sont éphémères. Elles s’effacent parfois quand on les épuise. La mémoire est une matière inépuisable, mais fragile.

Points forts

Dans son parcours intérieur, l’auteur nous fait découvrir le plaisir, car c’est un plaisir, de plonger dans les cachettes et les recoins de la mémoire profonde et d’en extraire quelques pépites de ses richesses infinies. Il nous en fait goûter les surprises, il nous en fait expérimenter les complexités et parfois les bizarreries. La mémoire, c’est replacer le passé dans le présent, se souvenir, c’est être vivant. 

Quelques réserves

Les superpositions des personnages et l’évocation des qualités de l’un pour exprimer celles d’un autre ou encore le parallélisme volontairement indiqué entre les vies de deux d’entre eux génèrent parfois une certaine complexité du récit. Cependant l’auteur s’y retrouve et avec un peu d’attention, le lecteur aussi. 

Encore un mot...

On suit avec plaisir la quête de l’auteur ainsi qu’évoqué précédemment. Et si c’était une invitation à ce que le lecteur entreprenne pour lui-même un voyage similaire, à la recherche de ses souvenirs perdus ? Perspective intéressante que peut susciter l’ouvrage de Didier Blonde, avec prudence toutefois car l’imaginaire d’un souvenir peut être plus beau que la réalité qui lui sert de socle.

Une phrase

  • « Il fallait que je prenne le temps, que je laisse les souvenirs revenir tout seuls, par inadvertance, l’air de rien, en ne gardant qu’une attention flottante. Que je m’en remette à la nuit pour les attendre en rêve, peut-être. Ne pas forcer la mémoire. Rien n’est jamais perdu, rien ne s’efface définitivement. » P. 33-34

  • « J’avais beau avoir été heureux, maintenant, le voile qui recouvrait ces moments les assombrissait, parce que j’avais perdu la mémoire de mes sentiments et de mes sensations. P. 48

  • « Suivre ‘les traces de Cora Sandel à Paris’, n’était-ce pas une façon, me disais-je, de revenir sur mes dix-huit ans, d’en savoir plus sur ce livre que lisait Inga et cette femme qu’elle admirait ? Nous partagerions cette lecture trente ans plus tard. » P. 55

L'auteur

Didier Blonde est né à Paris en 1953. Ancien professeur de lettres, il est l’auteur de romans, de nouvelles, de récits autobiographiques, de nombreux articles de revues, parfois en collaboration. Didier Blonde manifeste une attirance particulière pour les héros oubliés, les personnages masqués, les lieux évocateurs de souvenirs ou de mémoire de célébrités. Voici ses principales productions parmi ses nombreuses publications, parfois pittoresques et originales.

Les romans :

Le Nom de l'inconnue, éd. Deforges, 1988; Faire le mort, roman, éd. Gallimard, 2001; L'Inconnue de la Seine, éd. Gallimard, 2012 (nouvelle édition de Le Nom de l'inconnue), Prix Roland de Jouvenel 2013;  Le Figurant, roman, éd. Gallimard, 2018 

Nouvelles : Gaz à tous les étages, éd. Orban, 1985

Essais : Les Voleurs de visages. Sur quelques cas troublants de changements d'identité : Rocambole, Arsène Lupin, Fantômas et Cie, essai, éd. Métailié, 1992, Prix Fantômas 1992;  Baudelaire en passant, essai, éd. Gallimard, coll. « L'un et l'autre », 2003.

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