Occident
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Thème
Le narrateur, Alain Leroy, un peintre figuratif de quarante-six ans, rencontre Poppée, une jeune femme mariée, qui jette son dévolu sur lui, en jouant les intermédiaires avec un riche collectionneur milanais susceptible d’acheter ses tableaux. Elle attend un enfant, dont l’artiste se croit le père … Mais peu à peu il se méfie de cette femme, se sent piégé et cherche à échapper à son emprise. Confronté à la mort par un infarctus, il rompt enfin avec elle pour rejoindre en Andalousie Emina, la très jeune fille d’un ami de jeunesse, en laquelle il croit reconnaître sa Muse. Atteinte de schizophrénie, elle se prend pour un ange qui doit sauver l’Occident chrétien. Grâce à elle, il retrouve l’inspiration : l’art et l’amour illuminent sa vie loin de la décadence du monde contemporain.
Points forts
• Le double sens du titre : l’Occident décadent et le nom du mouvement d’extrême droite des années 1970, les deux sont évoqués.
• Les réflexions profondes de l’auteur sur l’art, considéré comme un rempart contre le désordre ou contre le présent, à travers la recherche de la beauté, le recours à « une esthétique ancienne » et la quête idéaliste d’un monde supérieur.
• Le personnage du peintre, un être complexe entre ses dérives dans l’alcool ou la drogue, sa lâcheté avec les femmes à qui il offre la trahison comme pardon, sa naissance à la paternité et sa passion touchante pour une adolescente détraquée, qui le sauve de ses démons.
• La femme ambivalente, ange ou démon, comme Eva (Ionesco), sa compagne, dans le roman qu’il lui a consacrée, est incarnée ici par Poppée, ravissante et séduisante, mais aussi jalouse, cynique et vindicative.
Quelques réserves
• Un roman sophistiqué, qui mêle des éléments autobiographiques et des personnages réels à des situations étranges et qui finit par une mise en abyme : virtuosité ou démesure ?
• Une deuxième partie délirante, difficile à lire : des « tunnels blancs », des hallucinations visuelles, des rêves sanglants, le monde de la folie !
Encore un mot...
L’univers très particulier de cet auteur fétichiste, qui revendique sa culture d’antiquaire, sa fascination pour les Vierges des peintres italiens ou pour les symbolistes décadents, se confirme dans ce roman baroque. Hanté par la fin de l’Occident, par la mort et par le goût du sacré dans l’amour comme dans l’art, il partage, semble-t-il, le même état d’esprit que Michel Houellebecq dans Sérotonine.
Une phrase
Ou plutôt deux:
- Poppée, « cette femme enceinte, adultère, obscène, jolie et méprisante cherchait à me corrompre et me provoquer avec l’argent d’un troisième homme. » p.52-
- Emina, « cette extraordinaire fillette … la plus étonnante personne que j’aie jamais rencontrée. Qui savait le latin et le grec ancien à douze ans, la musique aussi, un génie, d’une beauté à la Botticelli. » p.122
L'auteur
Né en 1960, Simon Liberati est l’auteur de neuf livres, dont L’Hyper Justine, prix de Flore 2009, Jayne Mansfield 1967, prix Femina 2011, Eva (2015), California Girls (2016).
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