Norma
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Thème
Inspiré de « Rapunzel », un conte des frères Grimm et devenu dessin animé chez Disney, « Norma », cinquième roman de Sofi Oksanen, nous emmène à Helsinki.
Le corps d’Anita Ross est retrouvé dans le métro de la capitale finlandaise. Catégoriques, les témoins expliquent que la femme s’est jetée sur les rails, sous le métro. Sa fille unique, Norma, ne veut pas, ne peut pas croire cette affirmation. Pour une seule et unique raison : à aucun moment, sa mère n’aurait envisagé la laisser seule avec son secret. Ses cheveux sont vivants. Oui, « ses cheveux ressentent des émotions, s’animent et poussent si vite qu’elle est obligée de les couper plusieurs fois par jour »... Et voilà, dans cette histoire de cheveux sauvages, Norma lancée dans une quête pour trouver la vérité. Elle veut connaître l’emploi du temps des derniers jours de sa mère, savoir tout ce qu’elle a fait durant ces jours.
Sans ressources depuis qu’elle a été virée de l’Union centrale des aveugles et des malvoyants, elle va jusqu’à se faite engager dans le salon Majicoiffure où sa mère travaillait; un de ces salons de coiffure qu’on croit bien avoir vus dans un film d’Ari Kaurismäki. De découverte en découverte, surgit un passé trouble. Un passé qui intéresse un clan de la mafia locale.
Points forts
-Dans ce cinquième et nouveau roman de Sofi Oksanen, il y a du polar, bien efficace, à la sauce scandinave. Du fantastique, aussi. On devine même quelque goût de la romancière finlandaise pour la mythologie. Et la rébellion. Ou encore le féminisme.
-Prendre un conte, le malaxer, le tordre… et en extraire, en livrer un texte terriblement contemporain, c’est la méthode Sofi Oksanen !
-Un roman baroque qui évoque David Cronenberg pour l’univers et Marguerite Duras, par moments, pour le style.
-La plongée vertigineuse dans le monde de l’occultation et des non-dits.
-L’art et la manière de Sofi Oksanen pour bousculer la norme. Et remonter à la racine d’un mal, la violence faite aux femmes depuis des siècles.
Quelques réserves
Une intrigue qui peut paraître alambiquée, et des personnages aux liens confus.
Encore un mot...
Au programme de « Norma », il y a du polar et du fantastique avec trafic de cheveux et mères porteuses… Encore et toujours, ça déménage avec Sofi Oksanen. Déjà dans « Purge », elle avait ciblé les tyrans totalitaires, nazis et soviétiques, les clichés nationalistes, le sexisme d’une société accrochée à son passé. Avec « Norma », la romancière finnoise joue une fois encore l’irrévérence. Et c’est formidablement salutaire !
Une phrase
« Tu te souviens des cauchemars qui te réveillaient quand tu étais enfant ? Les situations variaient, mais un motif se répétait : tu étais arrêtée et démasquée. Plus âgée, dans tes rêves, tu avais des accidents suite auxquels tu restais dans le coma pendant un mois, après quoi tu te réveillais captive dans un institut de recherche. Moi, j'ai fait des rêves où tu restais bloquée en plein désert à cause d'une panne ou d'un accident de voiture ; tu attendais les secours et tu te rongeais les cheveux. À chaque fois, tu avais oublié les ciseaux à la maison ».
L'auteur
Née le 7 janvier 1977 à Jyväskylä (Finlande) d’un père finlandais électricien et d’une mère estonienne ingénieure, Sofi Oksanen est écrivaine. Elle a étudié la littérature à l’université de Jyväskylä puis à celle d’Helsinki, et la dramaturgie à l’Académie de Théâtre d’Helsinki. Revendiquant sa bisexualité, elle publie en 2003 son premier roman, « Les vaches de Staline ». Deux ans plus tard, elle signe « Baby Jane », un roman sur l’anxiété et la violence conjugale dans les couples homosexuels. C’est toutefois en 2008 qu’elle accède au succès international avec « Purge »; en France, elle recevra le prix Fémina étranger 2010 et le prix du roman Fnac.
Sofi Oksanen a écrit également deux pièces de théâtre et un opéra.
Engagée politiquement et socialement, elle écrit dans de nombreux journaux finlandais sur des sujets comme l'identité multinationale, les droits de l’homme à la libre expression et à l'information.
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