Nage libre

Etats-Unis, novembre 1957. Un seul jour pour défaire un couple idéal et le rêve de la vie de famille modèle. Un petit roman insolite et amer
De
Jessica Anthony
Cherche-Midi
Traduction de l’américain par Claro
Parution le 9 janvier 2025
139 pages
18 €
Notre recommandation
3/5

Infos & réservation

Thème

Kathleen, une jeune femme a qui apparemment tout sourit, décide un matin de novembre de rester une journée entière dans la piscine de sa résidence dans laquelle personne jusque-là ne venait nager. Ce comportement pour le moins étrange révèle une montagne de désillusions sur la vie rêvée de la middle-class américaine des années 50.

Kathleen a, en effet, tout pour être heureuse : un mari très beau, deux enfants adorables, un appartement dans une résidence avec piscine dans le Delaware.

Mais voilà qu’un matin, alors qu’une troisième grossesse non désirée s'annonce, tout bascule dans sa vie. Ce bain prolongé dans la piscine déserte (nous sommes au tout début de l’hiver) lui permet de remettre ses idées en place et tout revient à sa mémoire: les regrets de son passé de tenniswoman talentueuse, ses amants, les trahisons de son mari. Tout s’effondre petit à petit lors de ce séjour prolongé dans cette piscine devant l’incompréhension et l’inquiétude grandissantes de son époux. 

Il suffit d’un seul jour pour défaire une vie et un couple : Kathleen a perdu ses illusions et renoncé à ses rêves de jeunesse et son mari ne sait plus où il en est et cache de vraies faiblesses sous un physique de beau gosse. Ce jour permet à l’auteure de bâtir un parallèle cynique entre la mise à jour des frustrations de chaque individu et l’image de la famille idéale américaine qui servait de modèle à cette époque. 

Points forts

La réussite de ce roman tient à cette rupture qui intervient un beau jour, sans prévenir, sans signe avant-coureurs dans la vie de cette jeune américaine à qui tout semblait sourire. Personne ne comprend pourquoi elle ne veut pas sortir de cette piscine, ni même elle. Mais ce bain prolongé  lui permet - comme on nous présente souvent dans les films la vie qui défile sous nos yeux lors d’un accident - de  mettre en parallèle les attentes et les espoirs qu’elle avait jeune fille et la réalité  décevante de sa vie de femme alors qu’extérieurement elle présente tous les signes extérieurs du bonheur conjugal.

Quelques réserves

Les personnages auraient pu être un peu plus creusés et approfondis. On reste sur le côté amer de ses déceptions sans comprendre vraiment pourquoi elle comme son mari multiplient les aventures extra-conjugales et se retrouvent dans une impasse. Le style est agréable même si un peu scolaire.

Encore un mot...

L’idée originale de faire coïncider ce jour de rupture avec le lancement par les Russes d’un deuxième spoutnik dans l'espace, ce qui inquiète terriblement les Américains qui ne se sont pas encore lancés dans la course de l’espace et se sentent terriblement menacés, est terriblement amusante.

Une phrase

« Il était presque quatre heures et demie. Le soir était tombé en fin d’après-midi, comme c’était toujours le cas en novembre, et Virgil alla sur le balcon. Dans la piscine obscure en dessous, Kathleen nageait. Virgil la vit faire quelques longueurs. Ses garçons n’étaient pas en vue. Il n’avait pas épousé la mauvaise femme, se dit-il ; c’est elle qui avait épousé le mauvais homme. Virgil Beckett s’était laissé happer par un travail qui l’avait presque détruit. Il avait couché avec presque toutes les femmes qui le désiraient » Page 102

L'auteur

Jessica Anthony n’a pas le profil classique d’une auteure : elle a exercé différents métiers atypiques comme bouchère, ou masseuse avant de publier son premier roman Le convalescent en 2009 qui a connu beaucoup de succès. Elle réside aujourd’hui dans le Maine (USA) où elle exerce le métier d’enseignante.

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