Montecristo
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Thème
Jonas Brand, la quarantaine, vit à Zurich où il travaille sans enthousiasme pour une émission télé consacré au style de vie. Depuis de longues années, il rêve, pour le cinéma, d’adapter dans un contexte contemporain Le Comte de Monte-Cristo, le roman d’Alexandre Dumas. Un jour, il va à Bâle, le train freine- « un accident de personne » dans un tunnel. Réflexe professionnel : il prend quelques images, ne les regarde pas, les classe. Quelques semaines plus tard, deux événements : il rencontre Marina Ruiz; elle est d’origine philippine, travaille dans la communication; il en tombe amoureux. Deuxième événement: au moment de payer sa femme de ménage, il découvre que les deux billets de 100 francs suisses qu’il lui tend ont exactement les mêmes chiffres. Techniquement, c’est impossible mais son banquier lui affirme qu’aucun de deux billets n’est faux.
Journaliste dans l’âme, Jonas décide d’enquêter. Son appartement va être fouillé, retourné ; la police ne prend pas au sérieux ses plaintes. Un journaliste, Max Gantman, spécialiste de la finance mais mis au placard parce que sale et pilier de bar, le met en garde, lui indique qu’il est dans une histoire qui le dépasse et lui conseille de dépenser vite les deux billets et de tout oublier… Mais le reporter vidéo va ressortir les rushes tournés dans le train : pourquoi, ce jour-là, un as de la finance s’est-il jeté du train?
Points forts
-Habile, Martin Suter fait se croiser les billets et le « suicidé »- immanquablement, ça va exploser de partout.
-Montecristo, c’est aussi des conciliabules au plus haut niveau avec des victimes collatérales… et puis, miracle, un producteur a trouvé le financement pour le tournage deMontecristo. Jonas Brand part en repérages en Thaïlande; de peu il manquera d’y laisser sa peau.
-Une écriture efficace pour une plongée dans le monde interlope de la haute finance suisse, et pour des « explications de texte » sur l’art et la manière du maquillage des comptes.
-Le talent de Martin Suter pour mener une enquête avec un procédé tout simple mais furieusement efficace : laisser la piste se refroidir comme un cigare Montecristo mal allumé…
-En se lançant dans l’écriture de ce thriller financier, Martin Suter souhaitait « simplement écrire un récit qui débute par des coïncidences invraisemblables et se développe jusqu’à devenir un champignon nucléaire » : c’est pleinement réussi!
Quelques réserves
De temps à autre, Martin Suter se laisse aller au didactisme, quand il lui faut évoquer les arcanes de la haute finance et de la banque.
Encore un mot...
Une fulgurante plongée dans le monde de la haute finance. Avec de l’investigation, du policier et du métaphysique, le très bon roman d’un auteur qui fait sauter la banque !
Une phrase
« Une secousse parcourut le train. Dans le wagon-restaurant, verres et bouteilles dégringolèrent des tables, le sifflement assourdissant de la motrice et le couinement du fer sur le fer se joignirent aux cris, au bruit du verre cassé et au tintement des couverts. Jusqu’à ce que le silence revienne après un nouveau soubresaut.
Dehors l’obscurité était complète. Ils étaient arrêtés dans un tunnel. La voix du plaisantin de service perça le silence :
-On est déjà arrivés ? »
L'auteur
Né le 29 février 1948 à Zurich (Suisse), Martin Suter a travaillé dans la publicité avant d’être journaliste pour la presse écrite et la télévision helvétiques. Il a publié son premier roman, Small World, en 1997. Ecrivant en allemand, il est également l’auteur de, entre autres, La Face cachée de la lune (2000), Lila, Lila (2004), Le Cuisinier (2010). Il a écrit, par ailleurs, des textes de chansons pour son compatriote Stefan Eicher. Il travaille sur le projet d’une comédie musicale.
Martin Suter vit entre Ibiza et le Guatemala.
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