Mon maître et mon vainqueur
Parution le 19 août 2021
190 pages
18 €
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Thème
Le récit démarre dans une armurerie, où un certain Vasco choisit une matraque télescopique pour répondre aux menaces d’Edgar, le mari de sa maîtresse … Puis il est question du revolver de Verlaine, ainsi que d’un cahier de poèmes dans le bureau d’un juge. De quoi s’agit-il ? D’une enquête policière sur une « affaire », au cœur de laquelle se trouve le narrateur en tant que témoin et ami de Vasco, l’accusé. Celui-ci a raconté, en vers, son amour fou pour Tina, comédienne de théâtre fantasque, partagée entre Edgar, le père de ses jumeaux adorés, qu’elle comptait épouser et lui-même, son amant, qui l’obsédait. Le fil de cette passion dévorante est remonté depuis le coup de foudre, matérialisé dans la Grande Réserve de la BNF, où travaille Vasco, jusqu’au mariage en Provence, en passant par les rendez-vous clandestins et torrides, les vaines tentatives de rupture, les drames de la jalousie et les souffrances de la séparation, signes annonciateurs d’une fin tragique. Le narrateur décrypte les fameux poèmes du cahier pour aider le juge à y voir plus clair dans cette « histoire.»
Points forts
Un roman très littéraire : tout est dans la façon de raconter ce triangle amoureux plutôt banal, en l’inscrivant dans le sillage de Verlaine et Rimbaud, en multipliant les allusions à d’autres grands écrivains, en glissant de nombreux poèmes et même quelques illustrations célèbres.
La personnalité de Tina, la princesse andalouse aux yeux verts et aux longs cheveux roux, aussi frivole qu’extravagante, incarne assez bien le goût prononcé de l’auteur pour l’alliance des contraires. Elle refuse de choisir entre Edgar et Vasco, deux hommes tellement opposés.
De la subtilité, de la férocité et de l’humour à travers tous ces jeux amoureux et stylistiques et une plume alerte.
Quelques réserves
Une histoire facétieuse, cocasse, voire burlesque, qui ne touche pas le lecteur. D’ailleurs la critique du livre d’un personnage secondaire sonne juste pour l’auteur lui-même: « c’était scolaire, appliqué … Et puis tout cela manquait de cœur, or le bon romancier doit avoir à l’égard de ses personnages le cœur tendre et l’œil dur ; Adrien avait le cœur sec et leur faisait les yeux doux. »
Encore un mot...
« Cette histoire, si j’étais vous, j’en ferais un roman », ce conseil donné par le juge à l’issue de l’enquête policière, a été suivi par François-Henri Désérable, sans atteindre son but. Le romanesque est sacrifié au prix d’un exercice de style certes brillant, mais trop artificiel, qui égare le lecteur peu convaincu par l’accumulation ludique de tous ces clins d’œil appuyés. Chaque phase – chaque phrase, pourrait-on dire – de cet adultère est surchargée de références littéraires, ce qui provoque un décalage jamais comblé entre la poésie, la grande, et ce vaudeville. Ce jeune auteur, récompensé par l’Académie française, n’a pas déployé les mêmes facettes de son talent que dans son livre précédent Un certain M.Piekielny.
Une phrase
« Le sonnet, c’est un peu comme l’amour conjugal : sa beauté naît des contraintes qui lui sont inhérentes. Pour le sonnet : nombre invariable de vers, invariablement répartis en deux quatrains suivis de deux tercets, nombre équivalent de syllabes pour chaque vers, alternance de rimes féminines et masculines, etc. Pour l’amour conjugal : pesanteur du tête-à-tête quotidien, inévitable effet de routine, inopportune irruption du trivial, etc. Et c’est en dépit de cela qu’il faut tirer du beau, voire du sublime – et c’est, inversement, ce qu’il y a de si grisant mais aussi d’un peu facile dans le vers libre et l’adultère, où l’abolition des contraintes donne le sentiment d’une liberté suprême, absolue, ivre d’elle-même, or que vaut la liberté … dépourvue des contraintes qui la bornent ? »
L'auteur
Né en 1987, François-Henri Désérable a été hockeyeur professionnel avant de devenir un écrivain plusieurs fois récompensé. Il a publié Tu montreras ma tête au peuple (2013), prix Amic de l’Académie française et prix littéraire de la Vocation ; Evariste (2015), prix du jeune romancier, grand prix de l’Histoire de Paris et Révélation française de l’année 2015 dans le palmarès des Meilleurs livres du Magazine Lire, et Un certain M.Piekielny, (2017), en lice pour plusieurs prix
Commentaires
J’ai adoré! Très surpris des critiques que je vient de lire!
Humour et sensualité mêlés de poésie. C’est très réussi. Ça faisait bien longtemps que je n’avais pas lu un roman avec autant de satisfaction. Depuis Les liaisons dangereuses en fait.
Un bel exercice de style, mais un récit qui finit par être ennuyeux. Seul le narrateur est un personnage qui retient notre attention par une forme de complicité, les autres sont lointains, désincarnés : ils n'existent pas, si bien qu'on a hâte d'en finir avec leur histoire et leurs contradictions.
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