Mon frère
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Thème
La perte d’un frère aimé qui, de page en page, prend corps.
Points forts
A la manière d’un puzzle où chaque pièce retrouvée, chaque morceau d’enfance partagée, chaque rendez-vous manqué blesse, attendrit ou meurtrit avec pudeur. Ni pathos ni émotion obligée mais un ton juste, sans effet de style.
Quelques réserves
Le lecteur était prêt à comprendre, aimer, souffrir pour ce frère disparu et le voilà contraint, toutes les trois ou quatre pages à sauter à cloche-pied entre chagrin et sujets chers à Pennac : le théâtre, Melville ou le personnage de Bartleby. La valse des pirouettes et doubles sauts périlleux arrière complique la trame du récit, en casse le rythme, déplaçant sans cesse le curseur et, par ricochet, brouillant l’attention du lecteur.
Encore un mot...
A lire quand même, à lire bien sûr: à déguster pour la finesse d’une analyse aussi feutrée que profonde. Tout y est dit et le lecteur quel que soit son âge, ses goûts, sa vie, s’y retrouve face à ses propres sentiments : entre occasions manquées, partage et bonheur intime, Pennac mène la danse.
Une phrase
Ou plutôt deux:
- "Il me manque comme personne mais je ne sais pas qui j’ai perdu. J’ai perdu le bonheur de sa compagnie, la gratuité de son affection, la sérénité de ses jugements, la complicité de son humour, la paix. J’ai perdu ce qui restait de la douceur du monde".
- "Nous lui avions fait une réputation sur laquelle reposait le confort mental de notre tribu : une tribu close sur elle-même où rien, jamais, ne se disait d’intime, où l’on faisait de l’esprit pour n’avoir ni à parler de soi ni à s’inquiéter réellement de l’autre, une tribu dont l’harmonie faisait l’admiration des collatéraux et des visiteurs mais dont chaque membre, séparément, tournait dans la cage de sa solitude…Timidité congénitale ? Pudeur ? Affaire d’époque, d’éducation, de tempéraments ? Nous ne parlions qu’autour de ce qu’il y avait à dire. Souvent en commentant des livres que nous lisions. La littérature nous servait de camp retranché."
L'auteur
Daniel Pennac a son public qui, comme celui du héros d’Hergé, va de 7 à 77 ans. On aime d’emblée son empathie, la variété des choix d’un homme de cœur et de plume qui collectionne prix littéraires et succès. Prix mystère de la Critique en 1988 pour La Fée Carabine, Prix Ulysse en 2005, Prix Renaudot en 2007 pour Chagrin d’école (Gallimard), Grand Prix Métropolis bleu en 2008 pour l’ensemble de son œuvre, l’œuvre protéiforme de Daniel Pennac fait passer ses lecteurs du théâtre à la bande dessinée, des livres pour enfants au cinéma. La Saga Malaussène s’est ainsi déroulée de 1985 à 1999, enchantant son fidèle lectorat qui voit en lui tout à la fois un scénariste, un ado séchant les cours, un professeur de littérature et presque, une sorte d’oncle ou de parent proche auquel, vaille que vaille, on est prêt à passer tous ses caprices.
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