MON ANCÊTRE POISSON
244 p.-19€
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Thème
D’où venons-nous ? Du poisson. Pour Christine Montalbetti, c’est doublement cocasse et vrai puisque son arrière-arrière-grand-père est né Jules Poisson. La voilà donc qui plonge dans l’aquarium (façon de parler) ou plutôt dans la rivière du temps, pour remonter le courant jusqu’à la naissance de cet aïeul et redescendre jusqu’à sa mort.
Points forts
- La démarche de Christine Montalbetti : Bien dans la tendance de son époque littéraire, l’auteure mène l’enquête sur un des membres de sa famille. L’originalité de son projet tient à ce que ce membre-là lui est inconnu, sinon par des récits familiaux, de petites légendes intimes partagées à table ou lors de réunions. Elle va s’efforcer de combler les lacunes, “ ce fossé qui nous sépare”, en reconstituant un parcours de vie et un portrait à la fois réalistes grâce à des traces écrites, et romancés par le travail d’imagination littéraire.
- La traversée du temps, de la seconde moitié du XIXe siècle à la fin de la Première guerre mondiale : Né en 1833, Jules Poisson a connu bien des tempêtes et bien des avancées. Nous le suivons dans Paris tout au long de sa vie et jusqu’à sa mort en 1919, à mesure que Christine Montalbetti marche dans ses pas.
- Les figures secondaires : On aime beaucoup Sophie, la femme de Jules, et Eugène, son fils, qui occupent la périphérie du récit mais une place centrale dans la vie et le coeur de l’aïeul. Eugène, surtout, donne une humanité particulière à Jules : ce fils prodigue, parti se mettre en danger au Dahomey pour des raisons obscures et qui y mourra d’une mauvaise fièvre sans avoir revu ses parents, est la grande blessure cachée de Jules, son grand amour aussi.
- L’écriture : C’est la force principale de ce récit, ce qui le tient debout. L’écriture de Christine Montalbetti est sautillante et gracieuse, émouvante et irrévérencieuse vis-à-vis de ce patriarche lointain avec lequel elle cherche une complicité. Elle joue une petite musique, pleine d’humour et d’émotion, sur laquelle souffle le petit vent coulis de la mélancolie.
Quelques réserves
C’est trop long et un peu redondant. Il faut donc beaucoup aimer l’écriture de Christine Montalbetti pour s’intéresser jusqu’au bout à cette enquête sur son illustre inconnu d’aïeul.
Encore un mot...
J’ai pris beaucoup de plaisir à suivre Christine Montalbetti dans son enquête à la fois précise et drôle mais, plus que son personnage et son besoin de filiation, c’est son style et sa façon d’interpeller son ancêtre, et même de l’apostropher, qui m’a plu. La toute fin aussi, qui vient peut-être éclairer tout le projet a posteriori, et que je ne révélerai pas (« moi, pour toujours, sur cette branche, toute seule ») a su me surprendre et me faire pleurer.
Une phrase
« Je lis quelque part que pendant que les Prussiens bombardaient, quelques volontaires qui travaillaient au Muséum étaient dans les caves en sortaient dès qu’il y avait quelque chose à réparer. Est-ce que tu en faisais partie? Méfie-toi de ne pas te prendre un obus sur la tête, parce qu’un obus sur toi, et plus rien de tout ça, je te le rappelle, ni tes enfants, ni ta petite-fille-ma-grand-mère, ni mes doigts sur les touches d’un ordinateur, ni ce récit pour parler de toi. »
L'auteur
Née au Havre en 1985, Christine Montalbetti a poursuivi des études littéraires et enseigné les Lettres. Elle est l’auteure de très nombreux ouvrages, dont une dizaine chez P.O.L. Elle écrit également pour le théâtre.
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