Miroir de nos peines
531 p.
22.90 €
Infos & réservation
Thème
Il s'agit là d'un roman à multiples facettes dont on découvrira au fil de la lecture que celles-ci convergent toutes vers une même histoire. Le personnage central de ce roman, Louise, était à dix ans l'amie d'Edouard Péricourt, gueule cassée de la guerre de 1914 (cf. les deux premiers tomes de la trilogie, Au revoir là-haut et Couleurs de l'incendie). L'action se situe après la mort d'Edouard, l'homme aux masques, lors de la mobilisation de la guerre de 1940.
Louise, témoin d'un drame, veut en connaître un peu plus sur sa famille. Entre l'exode et l'enquête de Louise, nous rencontrons une série de personnages dont certains manquent totalement de moralité, nous entraînant dans des situations ubuesques. L'ensemble est traité sous forme d'écrit historique, de saga romanesque et de thriller, avec des rebondissements à la pelle.
Points forts
- Pierre Lemaitre est au sommet de son art : c'est un conteur-né. Il a le secret pour arriver à nous faire aimer des personnages même peu reluisants. Ce livre, véritable "page turner" rappelle Balzac avec une verve infinie ;
- L'action de situe dans une courte durée : entre avril et juillet 1940 lorsque la France se mobilise contre l'Allemagne, avec son flot de désinformation continue pour laisser espérer un succès rapide de nos troupes. Et l'auteur est remarquablement bien documenté avec une somme de détails inouïs. L'atmosphère qui règne à Paris, l'inquiétude, la fermeture des magasins, les coupures de métro, les alertes, les caves, toute cette angoisse est très bien décrite, de même l'exode, interminable désespérance ;
- Cet ouvrage est un beau sujet d'études sur le comportement humain : si la guerre permet l'éclosion de faits de bravoure magnifiques et insoupçonnés chez certains, elle autorise sous le manteau un nombre de magouilles et de filouteries insensées de la part de profiteurs impénitents. Mais même les malfrats finissent, souvent par l'outrance de leurs actes (du style : "il fallait oser !”), par éveiller de la part du lecteur, sinon de l'intérêt au moins une petite sympathie ; nous nous attachons à tous sans pour autant nous y identifier, la peste nous en garde !
- Le personnage de Désiré Migault est un roman à lui tout seul. Son histoire est inimaginable. C'est un être multiple. Sa faculté d'adaptation à chaque situation est confondante. Et nous avons même droit, lorsqu'il est curé, à des discussions philosophiques. Sa trajectoire d'usurpateur patenté nous permet de réaliser combien la crédulité humaine est sans limites.
Quelques réserves
J'aurais bien aimé quelques deux cents pages de plus...
Encore un mot...
C'est toujours avec une grande gourmandise que l'on se précipite sur un nouveau roman de Pierre Lemaitre. Celui-là est un régal. Lemaitre porte formidablement bien son nom ! On y trouve tous les ingrédients qui font un bon roman : une belle écriture, l'art de raconter des histoires, celui de nous faire aimer les personnages, une immense documentation, l'ensemble mâtiné d'une dose d'humour corsée. C'est un ouvrage riche et dense, qui nous fait regretter le point final de cette trilogie. On en entamerait bien volontiers une autre. Nul doute que le cinéma ne s'empare de ce sujet avec succès, comme ce fut le cas pour Au revoir là-haut.
Petit clin d'oeil : l'attachée de presse de ce livre, Florence Godfernaux, a participé à la relecture et/ou aux commentaires du roman avec l'auteur.
Une phrase
- Le titre Le miroir de nos peines est magnifique. Il est tiré d'un paragraphe (page 398) :
"La voiture cahotait lentement dans le flot des fuyards qui était à l'image de ce pays déchiré, abandonné. C'était partout des visages et des visages. Un immense cortège funèbre, pensa Louise, devenu l'accablant miroir de nos peines et de nos défaites."
- Petite réflexion pleine de bon sens (p.231) : "L'hospice des Enfants assistés était situé au 100 rue de l'Enfer, on se demande parfois où l'administration a la tête..."
- La résignation des parisiens (p. 231) : "le train, en redémarrant, ne provoqua pas de soulagement, il transportait les inquiétudes d'une station à l'autre."
L'auteur
Pierre Lemaitre (né en 1951 à Paris) a commencé sa carrière en enseignant la littérature française et américaine, avant de s'imposer comme auteur de thrillers. Il publie Travail soigné en 2006, Robe de mariée en 2009, puis Alex en 2011, tous couronnés de prix. Il fut multi-récompensé, notamment par le prix Goncourt en 2013 pour Au revoir là-haut. Il est également scénariste.
Commentaires
En dehors de la guerre de 39-45 et l'avancée de l’armée Allemande envahissant la France le récit est-il basé sur des faits réels..?
références historiques multiples pour créer des personnages improbales, ambiance de l'exode 40 extrèmement bien restituée comme souvent chez Pierre LEMAITRE le roman estprobablement construit sur une multitude de faits réels
Ce troisième livre est extraordinaire. On le quitte avec grand regret. Tous ces personnages qui se retrouvent dans cette chapelle avec ce personnage de Desiré permettent une fin intelligente même si on aimerait que l'histoire continue. Bravo
Ajouter un commentaire