Mesopotamia

Gertrude Bell aventurière, archéologue, espionne, entre le Tigre et l’Euphrate dans les années 1920. Une fresque historique superbe et passionnante
De
Olivier Guez
Grasset
Publication le 14 août 2024
408 pages
23 euros
Notre recommandation
4/5

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Dans les yeux et les pas de Gertrude Bell, aventurière exploratrice britannique, conseillère politique au Moyen- Orient, le théâtre des conflits d’influence des grandes puissances, de la Première Guerre mondiale à la création de l’Irak.

C’est donc toute la diplomatie au Moyen-Orient pendant et après la Première Guerre mondiale que nous suivons au côté de Gertrude Bell.

Nommée en 1917   « secrétaire orientale » par Sir Percy Cox, le plus haut grade de l’administration civile,  Major Miss Bell participera au découpage du Moyen-Orient, les négociations entre Paris et Londres avaient commencé en janvier 1916. Au côté de Cox jusqu’à son départ en 1924, elle mène la construction de l’Irak. Auparavant elle avait séjourné en Perse dès l’année 1892, effectué deux voyages autour du monde, participé à des fouilles archéologiques en Anatolie en 190. Elle traversera le désert du Nedjd en 1914.

Le lecteur découvre les arcanes de la politique de l’Empire britannique et les tribulations qui s’ensuivent. Empire britannique confronté aux Ottomans alliés aux Allemands, aux multiples tribus arabes, à la présence française, à l’influence américaine.

Au cours du récit très fouillé de cette période du siècle passé, surgissent de grands personnages que côtoie notre héroïne : T E Lawrence , Fayçal Ibn Hussein, Winston Churchill ….

Les acteurs sont nombreux ; ils conduisent un projet complexe, fragile conciliation de leurs visées particulières sur ce qui fut le berceau de notre civilisation, région fertile entre le Tigre et l’Euphrate.

En regard de ces chapitres de l’histoire, l’auteur nous replace dans la vie intime de Gertrude Bell, voyageuse infatigable, archéologue, amoureuse, obstinée, téméraire, enthousiaste, et enfin visionnaire déçue. Nous la suivons des terrains de fouilles aux ambassades, des conférences ou conciliabules aux garden- parties ou promenades enchanteresses .

Points forts

  • C’est une fresque historique que nous présente Olivier Guez, une peinture brossée avec soin, une narration précise émaillée de descriptions pittoresques. Nous vivons la construction du futur Moyen-Orient contemporain.

  • Les sens sont comblés par le décor exotique aux parfums d’Orient, la mémoire  réveillée par la description précise et lucide des évènements, combats, rencontres, traversées du désert….

  • Une galerie de tableaux s’expose à nos yeux que ne renierait pas Delacroix !

Quelques réserves

Il faut parfois s’appliquer pour ne pas se perdre dans le dédale des noms de lieux et de personnages. Suivre l’Histoire en marche dans cette partie du monde à cette époque demande un effort répété plus ou moins consenti selon le goût du lecteur pour la culture historique et géopolitique.

Encore un mot...

S’engager dans la lecture de Mesopotamia permet de s’évader vers d’autres temps en des lieux où l’actualité rattrape les espoirs de Gertrude Bell. L’auteur nous expose les événements, nous laisse réfléchir, puis nous emporte dans l’intimité romanesque de cette grande dame ; il nous ramène dans le tourbillon de la diplomatie pour à nouveau nous séduire par de subtiles descriptions de sites magnifiques. Au fil des pages nous devenons gourmands !

Une phrase

  • « Sir Percy a accompagné la marche victorieuse des armées du général Maude. L’administration civile doit ravitailler les marchés, remettre la ville en état, imposer une nouvelle administration, et trouver des relais fiables afin de gouverner dans les plus brefs délais. Contre l’avis du général Maude qui ne veut pas d’une femme à ses basques Cox écrit à Miss Bell de le rejoindre à Bagdad toutes affaires cessantes. Elle est la plus précieuse de tous ses fonctionnaires, décrète Cox. Il la nomme secrétaire oriental, le plus haut grade de l’administration civile. » Page 105

  • « A ses premiers mots, Gertrude constate que Fayçal est dans son élément. Il a reconnu l’odeur du cuir de chèvre, du charbon grillé, les effluves de boucaniers de ces guerriers frustes qui imprègne l’atmosphère. Ils parlent le même langage, la langue du désert dans laquelle il haranguait ses combattants pendant la révolte contre les Turcs,  celle qui a tétanisé Lawrence … » page 287

L'auteur

Olivier Guez est né en 1974. Initié à la lecture très jeune, il étudie à Science Po Strasbourg, à la London School of Economics, au Collège d’Europe de Bruges.

Il travaille comme journaliste indépendant pour le New York TimesLe MondeLe Figaro Magazine, L’Express, Le Point. Et il est reporter au service économie de La Tribune. Il a écrit plusieurs essais et romans abordant notre histoire proche. Il a reçu le prix Renaudot pour son livre paru en 2017 La disparition de Josef Mengele.

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