Mémoires intimes d’un pauvre vieux essayant de survivre dans un monde hostile
Parution le 4 janvier 2023
268 pages
20 €
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Thème
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la totalité de ce livre n’est pas contenue dans son titre. La forme qu’il adopte, celle du journal intime d’un hypocondriaque dominé par la phobie, « la trouille abjecte » de vieillir, n’est pas dénuée d’humour et constitue une photographie assez réjouissante de notre époque vue par un bobo parisien plus tout à fait assez jeune pour circuler en trottinette.
L’évolution positive va se faire en trois « saisons » (Vieillir, réagir et renaître) et amènera l’auteur à sortir du SVF (syndrome du vieux flippé) pour arriver à la quiétude seniorale, soit à dépasser l’état de « vieux croûton» pour atteindre celui de « jeune pépère plein d’allant »
Points forts
Ce journal d’un barbon fort à l’aise dans les milieux de l’édition et de l’audiovisuel colle particulièrement bien à l’actualité. On y affronte le Covid et le confinement ; les réseaux sociaux assurent la e-réputation par le nombre de vues et de likes (8 000 likes et 400 000 vues dans le Métaverse, commencent juste à vous poser) et ouvrent aux rencontres « en présentiel » avec de « jeunes-vieilles CSP + » (catégorie 45 ans et plus) ; et l’on y rencontre nommément des écrivains et animateurs télé connus, aussi terrorisés que l’auteur à l’idée d’avoir un jour des taches sur les mains.
L’autodérision est souvent présente avec des projets farfelus : postuler à l’Académie Française avec un « roman porno d’amour », installer un Woodstock à La Bourboule pour les riches vieux qui n’ont pas osé vivre l’ère punk quand elle était de leur temps, faire sa pub en volant ses propres livres pour faire croire qu’ils ont été vendus ...
Quelques réserves
Il semble quand même que ce soit le besoin de « flouze » qui amène M. Ravalec à écrire et même à se prendre pour un écrivain malgré son style très oral qui est celui d’un localier ou d’un scénariste : avec un franglais omniprésent, une écriture sérieusement relâchée et l’accumulation de sigles et d’abréviations, la compréhension du texte nécessite souvent un dictionnaire bobo-français.
M. Ravalec écrit, c’est certain, on ne peut le nier puisqu’il est édité (et chez Fayard, quand même !). De là à lui accorder la qualité d’écrivain, il y a un fossé que je ne m’aventurerai pas à franchir : scénariste, rédacteur pour réseaux sociaux, oui, littérateur non.
De plus, la volonté de faire drôle à tout prix engendre parfois des longueurs venant d’un bavard à la limite du nombrilisme.
Encore un mot...
Il est amusant de noter la présence effective d’une « sensitive reader » chez Fayard, dont la mission est de vérifier que le texte est conforme au politiquement correct. Il n’y a pas si longtemps, en 2017, Patrice Jean dans son « homme surnuméraire » avait fait de la politique fiction en inventant un personnage dont le rôle était de couper les textes qui risquaient de heurter certaines sensibilités. Il appelait cela « céliner » un document dans la mesure où Voyage au bout de la nuit ne comportait plus qu’une cinquantaine de pages après relecture. La fonction s’est anglicisée mais nous y sommes…
Une phrase
“ Moi plaintif, à terre, abattu, incrédule devant cette fatalité qui m’accablait brutalement. « Pourquoi moi ? Pourquoi déjà ? Pourquoi maintenant ? » J’avais fredonné cette chanson il y a très longtemps - au moyen âge ? à la préhistoire ? - quand Jacques Brel passait encore à la radio. Cela semblait si lointain”. Page 48
L'auteur
Né en 1962 à Paris, Vincent Ravalec est écrivain, scénariste et réalisateur-producteur.
Ses livres ont reçu de nombreux prix littéraires dont le prix de Flore 1994 pour Cantique de la Racaille.
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