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Thème
Nicolas a commis l'irréparable. Oscillant entre conviction et confusion, il essaie de se rappeler, de se justifier. Mais qu'a-t-il fait ? A la première personne, il dévoile son spleen et un amour fou découvert au creux d'un petit vallon des Vosges. Tout aurait été simple s'il n'y avait eu les frères Kocher et un projet de centre hôtelier. Avec Hélène, il découvre un amour incandescent, comme le seront les effets des intimidations de ces frères maîtres des vallons, comme le sera ce sentiment d'injustice. Au cœur des Vosges, Massif raconte un amour volcanique qui enfantera d'une vengeance et d'un récit exalté.
Points forts
Ce qui frappe aux premiers abords de ce roman, c'est son engagement sous la pression d'une confession que l'on ne sait subjective ou objective, c’est l'inconnu dans lequel nous entraîne le narrateur.
Si le drame n'est pas loin, il navigue entre les rives opposées du malaise du cinquantenaire et de la beauté primitive des forêts des Vosges. Le récit propose des phrases et des expressions - courtes - des images, des formules, des pensées, des flashs accumulés - dans une écriture singulière et haletante, pour exprimer la nature, la passion amoureuse, la tension de l'instant et celle qui lie les personnages.
Dans ces pages, Nicolas ne reprend pas son souffle. Il reconstitue l'histoire avec la volonté de se convaincre qu'il a atteint le paroxysme de ses sentiments, que tout ce qui devait advenir était inévitable, que le drame est moins pire que l'inaction, et qu'il fallait qu'il survienne.
Si le début paraît déroutant par ses non-dits, énigmatique par ses allusions, il sera intéressant de le relire après la dernière page refermée ! Comme une dernière pièce de Puzzle pour donner son sens à l'ensemble.
Quelques réserves
Le style particulier de l'écriture d'Alain Giorgetti dans ces pages pourra dérouter. Il mêle (avec talent) dialogues et narrations, personnages et situations, sans les repères "visuels" des guillemets ou des retours à la ligne. Je ne vous cache pas qu'il m'a fallu un peu de temps pour "trouver le rythme", car c'est bien du rythme du récit dont il s'agit ! Vous rencontrerez aussi quelques mots "savants" dont il vous faudra (peut-être) aller chercher le sens.
Le dernier chapitre remonte 25 ans en arrière - les psychiatres seront probablement plus éclairés que beaucoup d'entre nous pour en apprécier le sens profond !
Encore un mot...
Le massif, ce sont les Vosges. Un espace naturel encore très préservé dans lequel il reste des traces de forêts "primaires". La surprise c'est le style de cette confession presque hystérique et emprunte d'une poésie qui traverse comme des bulles un récit dense qui se construit peu à peu. Massif, un thriller écolo ? Ce serait très restrictif ! Alain Giorgetti propose une singulière histoire d'amour, pour une femme, pour un site, pour la nature, pour le sauvetage d'une éternité menacée. Incandescent, ce roman a un style qui brûle les pages autant que les doigts. Crucifié par son amour pour Hélène, par le fantasme de vouloir sauver cette réserve naturelle de la modernité, Nicolas offre le double visage de la passion et de la folie, amours schizophréniques qui ne peuvent concilier la préservation de l'un et de l'autre. Par son écriture et sa construction, l'auteur réussit à faire émerger au fil des pages cette dualité, avec une exaltation omniprésente et une poésie troublante - une construction sur un monologue, très particulièrement réussie.
Une phrase
- "Tu me demandes pourquoi les oiseaux chantent. Ah, mais, c'est une question d'enfant ça, Nicolas. Tu te demandes pourquoi, alors qu'il faudrait peut-être demander pour quoi. Est-ce qu'ils chantent pour eux-mêmes, est-ce qu'ils chantent pour se signaler au reste du monde, est-ce qu'ils chantent pour appeler le soleil ? Il faudrait parler oiseau pour en être sûr. Mon père disait que c'était une sorte d'offrande. Un sacrement quotidien. A quoi ? Je ne sais pas Nicolas, je ne sais pas. Une offrande à tout, à rien. A toi, à moi, à nous… Leur chant est toujours à mi chemin entre la musique et le silence. Entre la terre et le ciel. Entre aujourd'hui et demain. Chacun d'entre eux est à la fois l'un et l'autre. Le crépuscule du matin, comme le crépuscule du soir. Les doigts de rose, et les doigts de pourpre. P 104
- "… pire que les mots, j'ai subi et je subis toujours les silences d'Hélène. Cette chaîne himalayenne de non-dits, de non-pensées, de non-vécus. Mensonges vrais et faux mensonges. Ce chapelet de silences qui accompagne les jours et mes nuits en prison. C'est le nom que j'ai voulu lui donner : Les silences d'Hélène. Une série de portraits. Toujours le même. Approche circulaire du moment. Saisissements de l'unique. Vol hyménoptère. Pollinisation de la même fleur bleue. Une blessure dont j'ai défendu au suicide de guérir la cicatrice." P 130
L'auteur
Alain Giorgetti est auteur, réalisateur de documentaires, plasticien et strasbourgeois. Avant le saut dans la littérature, "peu d'études, beaucoup d'emplois" ! Son premier roman, La nuit nous serons semblables à nous même, paru en 2020, raconte l'histoire d'un migrant - Adèm - qui se réveille échoué sur une plage.
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