Marcher jusqu'au soir
Prix Goncourt 2014, Lydie Salvaire continue sa quête d'elle-même. Cette fois, le cadre en est le monde de l'art dont elle perçoit admirablement les mécanismes et les artifices.
Infos & réservation
Thème
L'humeur railleuse et le verbe corrosif, Lydie Salvayre se saisit du prétexte d'une nuit passée au musée Picasso pour questionner le milieu artistique et ses institutions. Se tournant vers son enfance de "pauvre bien élevée" et abordant sans masque son lien à un père redouté et redoutable, elle essaie de comprendre comment s'est constitué son rapport à la culture et à son pouvoir d'intimidation, tout en faisant l'éloge de Giacometti, de sa radicalité, de ses échecs revendiqués et de son infinie modestie.
Points forts
- L'impression que c'est le livre le plus personnel de Lydie Salvayre. Sa verve et ses colères y sont encore bien présentes. La narratrice va s'enfermer dans un musée face aux sculptures du suisse Giacometti. Mais surtout elle va se remémorer son enfance avec un père violent. Des réflexions très fortes sur l'art, la television, les écrivains, la maladie et le monde actuel, d'une grande liberté..
- Une décapante et superbe nuit d'introspection.
- Le pouvoir d'intimidation de la culture ou le règne de l'argent, véritable mainmise du monde de la finance ; la culture est dénaturée dans ce qu'elle a de plus primale
- Similitude entre l'impuissance de Lydie à ressentir quelque émotion devant l'homme qui marche et l'impuissance « prétendue » de Giacometti (je n'y arrive pas, je suis nul »)
- Opposition entre entre ce monde de la culture où on se plait à la gagne, la réussite, la performance et Lydie et Giacometti, qui sont des humbles
- au détour de ce roman, et pour la première fois, la romancière expulse d'elle ce qui la plombe depuis toujours : son père, son enfance ; ce père qui déverse ses échecs, ses douleurs en domination qu'elle a subie parce que croyant que c'était normal ; Lydie a beau être pédo-psychiatre, elle n'en est demeurée que victime; elle a subi et ce récit est peut-être (je dis bien « peut être ») le début de la résilience
- son passé lui colle à la peau et elle traine toute sa vie de femme et d'écrivain la phrase assassine qu'une bourgeoise bien née dira lors d'un diner parisien: « elle a l'air bien modeste »; nous aimerions que ces vrais gens comme Lydie soient plus nombreux
- il y a enfin cette similitude frappante entre la symbolique d'aller vers la mort de l'homme qui marche et l'inéluctable chemin vers la finitude de chacun et celle de Lydie, ce, d'autant, depuis qu'un cancer a envahi sa vie ; « en pleine gueule » ; il faudra faire avec dorénavant
Quelques réserves
- un style d'écriture que nous lui connaissons depuis toujours, cru, et un vocabulaire parfois emprunté au monde qu'elle a côtoyé dans son enfance
- une introspection inachevée et qui mériterait à elle seule, un nouveau roman
Encore un mot...
Rencontre avec soi au détour d'une nuit dans un musée ; Face à face avec le monde de la culture politisé.
Une phrase
Ou plutôt trois:
- « Nous vivions dans un monde qui définissait l'être par l'avoir, et la beauté par son prix » page 89
- « Presque le temps d'une vie, pour regarder sa vie en face » page 142
- « Je crus comprendre plus clairement que jamais que cette vision frontale de l'homme qui marche dans le silence et l'isolement m'avait renvoyé sans ménagement à ma propre mort » page 184
L'auteur
Lydie Salvayre est la fille d'exilés espagnols qui ont fuit le franquisme et tenté de faire le deuil de leur pays natal. Avant d'être un écrivain, elle est psychiatre et travaille de nombreuses années dans un centre de la périphérie parisienne. Auteur de nombreux romans dont « Pas pleurer », pour lequel elle reçoit le prix Goncourt, en 2014, Lydie Salvayre est l'auteur d'une vingtaine de livres traduits dans de nombreux pays et dont certains ont fait l'objet d'adaptations théâtrales.
Commentaires
Ce n’est pas parce que l’auteur a été primée au Goncourt qu’il faut encenser tout ce qu’elle écrit. Cet opuscule ce n’est pas de la littérature, c’est décousu, sans beaucoup d’intérêts, sa perception de Giacometti n’engage qu’elle, même si la perception d’une œuvre n’appartient qu’à celui qui l’a regardé.. les phrases souvent alambiquées sans sens aucun...et n’en déplaise aux origines de l’auteur, il y a comme un relent de parisianisme exécrable.
Ajouter un commentaire