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Thème
L’histoire d’un homme à priori ordinaire, facteur dans la petite ville de Nestor dans l’Etat de New York, dans les années 2000.
Albert avait pourtant bien démarré avec ses études de physique dans une université prestigieuse... jusqu’au jour où il dérape en se jetant sur son prof pour lui mordre très exactement... l’oeil. Suit logiquement l’internement en hôpital psychiatrique et à partir de là, une tournure de vie tout à fait différente.
Une fois devenu facteur, il s’adonne à son passe-temps favori, la subtilisation de lettres, se convainquant que son but est purement altruiste: mieux connaitre les gens. Mais là aussi les choses vont mal tourner.
Points forts
Complètement déviant, névrotique, paranoïaque, psychorigide et excessif, Albert fait de sa vie un échec absolu, mais il est si touchant avec sa panoplie de fêlures (abyssales!), qu’on finit par bien l’aimer.
Ses relations avec sa mère castratrice et son père transparent nous font comprendre pourquoi il est ce qu’il est: complètement abîmé. Celles, tordues, avec sa soeur, enfoncent le clou.
Les pointes d’humour pendant ses séances obligatoires et chronométrées chez son psy, et celles, quand il cohabite avec des chats récupérés par obligation, sont franchement drôles.
Son voyage éclair au Kazakhstan pour une association humanitaire, avec les descriptions des gens, des lieux, des mentalités abruptes et violentes, du dénuement total, des files interminables dans les magasins d'alimentation aux rayons vides, des espoirs fous de certains, de la résignations des autres.
Une peinture intéressante des Etats-Unis avec leurs contradictions.
L’écriture de J.Robert Lennon, fluide et précise à la fois, qui rend la lecture de ce pavé facile et agréable.
Quelques réserves
Autant dire que si on n’est pas adepte des situations noires et des vies loupées, des êtres incompris et mal-aimés qui s’enfoncent dans des spirales infernales, mieux vaut éviter ce livre. Egalement en cas de déprime passagère: on ne devrait pas s’en remettre.
L’intensité du livre démarre vraiment aux 2/3, c’est un peu long.
Encore un mot...
Albert a absolument tout raté dans sa vie. Sauf justement son ratage qu’il a magistralement réussi. D’aucuns diront que c’est déjà ça... mais on referme le livre dérangé et désolé car, même si heureusement il y a des pointes d’humour, notre Mailman est tellement bousculé par la vie qu’il nous laisse, à la fin, complètement dépité. La force du livre est d’ailleurs bien là: à la 669 ème page, on a la sensation d’abandonner Albert, définitivement «égaré sur le chemin de sa propre vie». Lui qui avait tellement besoin d’amour, il aurait été heureux de savoir qu’il avait conquis autant de monde ....
Une mention particulière pour la maison d’édition qui a choisi une qualité de couverture et de papier fantastique: un réel plaisir ajouté à la lecture.
L'auteur
Né en 1970 aux Etats-Unis, J.Robert Lennon publie son premier roman à 27 ans et obtient dans la foulée le prix du meilleur nouvel écrivain. Suivent ensuite des nouvelles dont certaines seront adaptées à la télévision. Depuis 2005, il enseigne L’Ecriture Créative à l'Université de Cornell, à Ithaca.
Ecrit en 2004, Mailman, traduit très récemment en français, devrait être bientôt porté à l’écran.
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