L’innocent
Infos & réservation
Thème
Un enfant de 9 ans visite le département des Antiquités du musée du Louvre avec sa mère, et est marqué par un objet qui ressemble fort à un phallus. L’enfant se prénomme Christophe, on est dans les premières années 1970, l’esprit libertaire « soixante-huitard » souffle sur des familles dont celle de l’enfant. Aujourd’hui, il est écrivain, a pris pour nom de plume Christophe Donner et voit une photo de lui quand il avait 13 ans. Il a les cheveux longs, certains l’appellent « Mademoiselle », il ressemble au Tadzio de « La Mort à Venise », et pendant deux ans, il va découvrir la sexualité. Toute la sexualité, « avec des garçons, des filles, des vieux, des jeunes », confie Donner dans un roman qui mêle récit et autofiction. Un roman et une vie qui font aussi dire à l’auteur : « Je joue, en tout cas, c’est l’essentiel, je joue à tous les jeux, puisque je suis innocent de l’effet qsue je produis »…
Points forts
- La maîtrise parfaite du récit par Christophe Donner qui alterne le « je » et le « il ».
- Les années 1970 vues et vécues par un adolescent de 15 ans en toute innocence, en toute insouciance.
- La plongée implacable dans une famille avec des parents divorcés, une mère psychanalyste et un père communiste…
- La vivacité du style « donnerien » qui met en lumière, à la perfection, le charme de l’adolescence.
- Enfin, la narration en séquences fragmentées qui n’est pas sans rappeler un scénario de la Nouvelle Vague…
Quelques réserves
Le défaut du genre qu’est l’autofiction : la vie et les expériences intimes de l’auteur n’intéressent pas nécessairement le lecteur.
Encore un mot...
L’autofiction, voilà bien le genre dans lequel Christophe Donner excelle : ce livre le confirme. A nul autre pareil, il sait décrire et raconter l’intimité de l’adolescent qu’il fut lors de l’éveil sexuel. Quitte, parfois, à choquer…
Une phrase
« 1965. Au musée du Louvre, une mère et son fils visitent le département des Antiquités. Elle est jeune, très belle, son fils à neuf ans.
La galerie est à peu près déserte, le garçon tient la main de sa mère, par moments s’en détache avant de revenir près d’elle. Ils se promènent ainsi librement, tendrement, entre les statues de marbre blanc, éphèbes et nymphes, nus ou drapés, un vieil empereur, un jeune athlète, elle donne à son fils des explications, il l’écoute, sérieux, fier de la compagnie exclusive de sa mère ».
L'auteur
Né en 1956 à Paris, Christophe Donner (Christophe Quiniou pour l’état-civil) est écrivain, journaliste, cinéaste et chroniqueur littéraire. Il est également l’auteur d’un livret pour l’opéra. Parmi ses sujets de prédilection : les courses hippiques.
Il publie son premier roman, « Petit Joseph », en 1982, et défraie la chronique en de nombreuses occasions. Ainsi, en 1992, c’est « L’Esprit de vengeance » et l’évocation du suicide d’Olivier Ricoeur, fils du philosophe Paul Ricoeur avec qui il se brouille. En 1994 avec « Mon oncle », il met en scène le personnage de son oncle Joël Quiniou, arbitre international de football. En 2001 avec « L’Empire de la morale » (prix de Flore), il cible une mère psychanalyste et un père communiste… et en 2004, le prix Jean-Freustié récompensera « Ainsi va le jeune loup au sang ».
En cette rentrée littéraire 2016 et après un très remarqué « Quiconque exerce ce métier stupide mérite tout ce qui lui arrive » (2014), il signe donc « L’Innocent ».
Ajouter un commentaire