L'homme qui regardait la montagne

Une déclaration d'amour pour une ultime randonnée
De
Massimo Calvi
Bayard
Traduit de l'italien par Chéli Rioboo
Parution en septembre 2024
180 pages
16 €
Notre recommandation
3/5

Infos & réservation

Thème

Il est enfermé dans son corps. On ne sait pas pourquoi. Son avenir se compte en jours. 

Il l'a demandé : il est là devant la montagne. C'est son souhait ultime. Douze jours de face à face, choisis comme un chemin de mémoire, qui suit bois, sentes, ravines, envie et courses vers les sommets. Il se rappelle les paysages, la faune, la flore, les gens, les lumières, les sons, les odeurs, les joies, les amertumes, la vie passée, là ou ailleurs.

Ce petit roman, à l'image de la collection qui l'accueille chez Bayard -Littérature intérieure - est en quelque sorte le livre de route que cet homme, objet et sujet, élabore et consulte, ultime préparatif avant de se fondre dans le corps puissant et éternel de la montagne.

Points forts

L'homme qui regardait la montagne est un texte à la fois contemplatif, méditatif et poétique. 

85 très courts chapitres - un thème, deux pages, nous placent dans la tête de cet homme dont on ne sait s'il se parle à lui-même ou s'il s'adresse, lui qui serait déjà de l'autre côté du monde, à celui qui va le quitter. 

Les thèmes sont très nombreux - l'arbre, la maladie, les yeux, le brigand, la course, l'instantané, des chiffres, le miel,  la solitude, la croix, le feu, les barbares, l'église… autant d'amers dans le paysage de ses souvenirs, autant de pièces à l'étoffe de sa vie, qu'il évoque au présent et au passé. Autant de prétextes à les décrire entre les cimes, enfant dans un environnement préservé, encore plein de mystères et de défis, paysages abandonnés un temps, tous ces moments essentiels que la montagne, ses compagnons de randonnées, sa famille lui ont apportés. 

Quelques réserves

Ces réflexions libres et sans véritable enchaînement logique ont le charme d'un parcours de découvertes, mais peuvent être d'une compréhension plus ou moins évidente. Certaines formules conclusives de ces très courts voyages m'ont parues bien difficiles à décoder. Et la répétition du phénomène, parfois en amont des dernières lignes, motive la réserve que je fais à ce récit. 

Encore un mot...

L'homme qui regardait  la montagne est un roman inattendu - mais est ce vraiment un roman ? Est-ce un journal intime ? Est-ce un long poème en prose ? Difficile de qualifier ce texte plein de tendresse et de douceur,  humain et humble à la fois. Sa qualité principale est peut être à chercher dans l'inventaire de ce qui fait l'essentiel d'une vie, quand vient le temps du bilan. Pour "lui", sans doute possible, c'est la montagne, compagne des joies, des peines, des doutes et des ressourcements. Il nous donne les clefs de son âme et Massimo Calvi nous invite à en découvrir les pièces maîtresses, les liens solides, ceux qui durent. Ceux qui permettent de dire, aux premiers pas de la dernière randonnée "Partir est une façon de recommencer, rester est une voie pour être aimé. On peut partir en restant, et c'est ce que tu as appris à faire." Une métaphore de la transmission ?

Une phrase

  • " Ils ont dit quelques jours. Mais qui sait comment vont ces choses. Alors, tu as exprimé un désir : que l'on t'emmène sur le pré devant la vieille maison et te laisse là, à regarder la montagne pour le temps qu'il te reste.
    Voilà qui tu es ! C'est ici que tu as grandi pendant tes longs étés d'enfant, tu as passé tes vacances avec la neige et le froid, connu des amis et des amours, songé et marché, porté tes enfants et construit un nouveau cycle. Maintenant, de l'enclos de ton corps immobile, tu veux seulement rester devant elle, ta montagne." P 13

  • " Nos jambes accompagnent notre cœur sur des routes inconnues que nous souhaiterions toujours différentes. Les sentiers changent, les nuages changent, les couleurs de la terre et de l'herbe, tout ce que l'on découvre est beau et on tombe amoureux de ce qui se métamorphose.
    Le jeune amour est un carrefour en terre battue, un sentier recouvert de feuilles sèches, le parfum des châtaignes, la couleur du miel le plus pur, l'humidité qui se libère de la terre noire de la forêt et monte en fumant le long de l'écorce des pins, une colline infinie d'herbe jaunie et un horizon invisible, un maquis vert et dense et lointain, les cols que l'on aperçoit dans la brume et mille aventures jusqu'à épuiser nos pieds." P 79-80

  • " Tu aimes ce choix : tu sais toujours où tu vas arriver, sans emprunter les mêmes passages du sentier ou piétiner les mêmes cailloux. Les repères que tu connais te guident. Chaque départ est nouveau, une lente évasion avec retour à la maison, une embrassade qui se referme. Tu repenses aux centaines de boucles que tu as tracées autour de ta montagne, tu effleures l'anneau que tu portes au doigt." P 106

L'auteur

Massimo Calvi est un écrivain italien. Rédacteur en chef et chroniqueur dans ses médias nationaux, il est aussi l'auteur de plusieurs essais. L'homme qui regardait la montagne a reçu en 2023 le prix italien "Europa in versi" dans la catégorie des récits.

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