L’homme qui peignait les âmes
20 €
287 pages.
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Thème
La vie impossible et blasphématoire d’un jeune juif de Palestine au douzième siècle, passionné de peinture et peintre à la manière de la Renaissance, quelque trois siècles avant.
Toujours mobilisé contre les trois religions monothéistes et leurs règles absurdes et oppressives, Metin Arditi imagine une fable médiévale mettant en scène un garçon juif vivant en Palestine qui, pour pouvoir apprendre et se livrer à sa passion de la peinture, devient orthodoxe et peintre d’icônes doué au point d’évincer tous les autres dans les différents monastères où il séjourne.
Mais en réalité il se refuse aux contraintes imposées à cette imagerie religieuse et devient, avant l’heure, un véritable peintre de la Renaissance révélant beauté et pureté chez l’homme.
Après son expulsion du dernier monastère et de l’Eglise, le héros connait, avec ses icônes devenues de véritables tableaux, un succès immense dans le peuple chrétien, juif et même musulman, mais bientôt les forces de l’obscurantisme reprendront leurs droits et mettront sauvagement fin à cette aventure.
Points forts
Le prologue, naviguant entre réalité et fiction, nous passionne avec la redécouverte d’une icône dont le sujet est un Christ guerrier. Il s’agit là d’un sujet très étonnant car il ne correspond en rien aux dogmes de l’Eglise orthodoxe et l’histoire qui s’annonce semble pleine de promesses…
C’est ainsi que s’ouvre le récit de la vie d’Avner, palestinien juif et peintre d’icônes au douzième siècle.
Le récit commence bien, dans des décors superbes et réalistes qui permettent de bien imaginer la vie de cet adolescent palestinien pauvre quand il rencontre un marchand musulman pétri d’humanisme qui vend aux monastères orthodoxes les ingrédients nécessaires à la peinture des icônes. Grâce à lui, s’ouvrent les portes du monastère et l’adolescent est subjugué par l’icône qu’il entrevoit.
La suite c’est l’apprentissage de la peinture dans divers monastères où l’on suit avec intérêt le héros jusqu’à ce que ses icônes soient considérées comme blasphématoires.
Le contresens historique permet à l’auteur de dénoncer les règles des religions qui ne permettent pas l’iconographie ou l’enferment dans un corset et, au-delà, de magnifier la pureté de l’art en lui donnant une fonction sociale.
Quelques réserves
Mais sa philosophie, fondée sur l’humanisme et la beauté, pour sympathique qu’elle soit, apparaît un peu éculée et, pour tout dire, d’une naïveté un peu confondante.
Le pouvoir de l’image, poussé à l’extrême lorsque le héros est banni de la religion, perd toute crédibilité et la fable tourne à la naissance d’une véritable secte avec tous ses ingrédients caractéristiques, comme le culte du gourou et la liberté sexuelle.
Encore un mot...
Metin Arditi nous avait habitués, notamment avec Rachel et les siens, à un art de raconter plus abouti et à des thèmes mieux maîtrisés qu’on ne retrouve ici que dans la première partie du roman.
Une phrase
" Pendant qu’il apposait les couches de couleur, le souvenir de ses caresses sur le visage de Myriam lui revenait. il la voyait émerger sous ses yeux, de plus en plus lumineuse, couche après couche, comme si à chaque couche qu’il ajoutait, il ôtait un voile et la révélait dans toute sa rayonnante beauté."
L'auteur
Metin Arditi est un écrivain suisse francophone d’origine turque séfarade.
Traitant de thèmes moyen-orientaux politiques et religieux d’une manière simple avec un humanisme chaleureux ( Rachel et les siens ) ou autour de la peinture ( Le turquetto ), il connaît, à juste titre, des succès populaires remarqués qui consacrent l’art de raconter dont il fait preuve.
Commentaires
Découverte d'un auteur. Sujet très intéressant et meconnu donnant l'envie de recherche plus approfondie sur l'iconographie. Désir aussi de lire d'autres livres du même écrivain
Oui, issu d'une bonne idée au départ (le meilleur en l'homme, sa "part de divin", transposable dans une peinture d'icône, transcende les cloisons des dogmes et croyances.) Mais le récit tombe dans une naïveté déconcertante, et on soupçonne son auteur d' aguicher le lecteur avec une complaisance envers une sexualité bien trop facile. Par contre le passage vers la fin de la rencontre entre Avnar et le croisé chrétien qui renonce à la croisade est assez fort.
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