L’homme est un dieu en ruine
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Thème
Deux familles, voisines l’une de l’autre, séparées par de jolis jardins anglais. On y fleure le bon goût, les usages respectés, l’éducation partagée. La seconde guerre mondiale va faire valser les étiquettes, la bienséance et ensevelir ceux qui se pensaient éternels ou promis à des destins d’exception. Chacun survit comme il peut et Teddy, glorieux pilote de la R.A.F et personnage central du roman, n’échappe pas au coup de balai de l’après-guerre. Comme il peut, il fera face à aux bouleversements du monde comme à ceux frappant sa propre famille. Une saga où il s’avance avec comme seule arme une bonté décalée dont on ne sait pas si elle est l’ultime bouclier du désenchantement ou sa manière de dire adieu à ceux que, naguère, il avait considéré comme siens.
Points forts
Le charme discret de l’éternelle Angleterre. Notre étrange voisine aux us et coutumes ancrés dans la satisfaction de soi et l’amour inconditionnel de tout ce qui est so british n’est pas un pays mais une énigme à part entière. Si vivre y est simple, y être admis est une autre paire de manches. L’humour, la distanciation, le goût de la nature et l’amour des animaux y sont aussi partagés que le désintérêt total pour les enfants comme pour les étranges bipèdes natifs d’autres contrées.
Tout au long de cette histoire familiale, bonheurs juvéniles, maisons cosy à souhait ne garantissent pas l’individu contre les drames, la désillusion, la guerre, les amours manquées et les fins de vie plus ou moins réussies.
Les enfants des années soixante et quatre-vingt-dix ont le verbe haut, des fleurs dans les cheveux et un instinct du meurtre qui fera sombrer familles, religions et certitudes. La cruauté clame son droit de tout dire et de tout casser dans un champ de haines ouvertes, de conquêtes et de bonheurs précaires.
Rude. Décapant. En tout cas, efficace.
Quelques réserves
Les auteurs anglo-saxons ont un faible pour les retours en arrière et les chronologies chaotiques. Ici, elles vont et viennent dans tous les sens. La seconde guerre mondiale est suivie de près par les années vingt qui, elles-mêmes sont le prologue à une plongée dans les années quatre-vingt-dix. De là, brusque saut en arrière en 1947, puis en 1939. Et ainsi de suite …harassant et somme toute, sans autre raison que d’empêcher le lecteur de s’accoutumer à une époque.
Jusqu’à la fin du livre, on s’interroge sur les raisons de ce découpage arbitraire et incohérent. Quand elle devient un système, cette cavalcade incontrôlable de chapitres à contre-courant les uns des autres irrite.
Qui osera dire à Kate Atkinson que tout homme naît et meurt et qu’entre ces deux dates, il est assez courant que les années se suivent ?
Encore un mot...
Une histoire qui ressemble à la traversée d'une forêt: le seul chêne en est le héros que sa famille contourne sans y prendre garde, aime ou malmène selon les saisons de la vie.
Une phrase
- Elle eut l’impression d’être de l’autre côté du bonheur depuis le début de sa vie.
- Et une autre phrase, prononcée par la fille du héros de la seconde guerre mondiale :
"Son père paraissait si démodé mais il avait dû être comme neuf, autrefois."
L'auteur
Kate Atkinson est née à York en 1951 et vit à Edimbourg. Après des études universitaires à Dundee, elle fait une entrée fracassante en littérature en 1996 avec Dans les coulisses du musée, son premier roman qui obtiendra le Whitbread First Novel Award, le Whitbread book of the year et sera couronné par le magazine Lire comme meilleur livre de l’année.
Entre 1998 et aujourd’hui, elle publie dix romans, tous traduits chez De Fallois et publiés en édition de poche. Parmi ses titres les plus célèbres Les choses s’arrangent mais ça ne va pas mieux (De Fallois, 2006), A quand les bonnes nouvelles (De Fallois, 2008), Parti tôt, pris mon chien (De Fallois, 2010), Jackson Brodie (Poche 2013). Une vie après l’autre (Grasset, 2015), qui a été couronné par le Costa Novel Award et le South Bank Sky Arts Literature Prize.
Ses romans ont été adaptés à la télévision, son personnage de Jackson Brodie ayant acquis une notoriété phénoménale.
Kate Atkinson a été faite membre de l’Ordre de l’Empire Britannique en 2011 pour services rendus à la littérature.
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