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Thème
À Londres et dans toute la Grande-Bretagne, la crise économique érode le pouvoir du gouvernement travailliste, incapable d’enrayer la vague de mouvements sociaux qui va le balayer et porter au pouvoir Margaret Thatcher : c’est le fameux « hiver du mécontentement ».
Candice, tout juste vingt ans, vivote d’un boulot de coursier à vélo le jour et rejoint le soir une troupe d’actrices qui ont pour ambition de mettre en scène un Richard III où tous les rôles seraient joués par des femmes.
Son destin va croiser aussi bien celui de Jones, musicien de jazz un peu plus âgé qu’elle, mais qui a déjà perdu toutes ses illusions, que celui de Margaret Thatcher, encore relativement méconnue, venue prendre des cours de diction au théâtre afin de parachever sa conquête du pouvoir.
Points forts
- Le portrait d’un Londres décrépit, reflet du déclassement subi par une partie de la population et du désenchantement de la jeunesse. Thomas B. Reverdy excelle à décrire par petites touches les univers urbains (comme il l’avait déjà fait pour Detroit, dans Il était une ville)
- La construction, en parallèle, des différentes trajectoires des personnages, destins ascendants ou descendants, qui donne lieu à des scènes de rencontres marquantes (entre Candice et Jones. entre une des actrices et Margaret Thatcher)
Quelques réserves
- Un chapitre assez artificiel qui fournit au lecteur une liste alphabétique des maux des années 80 (de A pour Arabia et la révolution iranienne à Z comme Zero, le nombre d’emploi crées par le thatchérisme, en passant par K comme Kapital, L comme Liberalism etc.)
- L’exploitation systématique de Richard III pour analyser les rouages du pouvoir en général, et le cas Thatcher en particulier, paraît parfois un peu forcée.
Encore un mot...
Ce roman a le mérite de faire revivre un point de bascule historique : le passage, sous couvert de « progrès » et de « modernité », à un autre monde, dont on devine qu’il sera tout aussi oppressant que le précédent. Une dénonciation « par avance » de l’uberisation de notre société.
Une phrase
"Il y a toujours un mélange ambigu de peur et de joie au spectacle du chaos. D’abord la peur. Il n’y a pas de joie s’il n’y a pas d’abord la peur. [...] Car il y a aussi une sorte de joie mauvaise à voir s’écrouler les châteaux de cartes des hommes. Toutes les règles qu’on accepte d’habitude, tous les usages et les coutumes, les règlements, les calculs, les tout-va-pour-le-mieux et les dormez-braves-gens, tous les gros mots qui impressionnent, le pouvoir, la responsabilité, et toutes les faces confites, cette morgue impassible des biens-nés qu’on appelle ici le flegme et dont on s’honore, tout cela n’était donc que du vent, des paroles, des masques. Et pourtant c’est tout ce qu’on avait". (p. 71-72)"
L'auteur
Thomas B. Reverdy est un romancier français né en 1974. L’hiver du mécontentement est son septième livre. Après avoir écrit dans une veine plutôt autobiographique, il s’attache, depuis L’envers du monde (2010) et Il était une ville (2015), à plonger au cœur de villes emblématiques en crise (New York, Detroit, Londres...)
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