L’éternel fiancé
Parution le 19 août 2021
256 pages
19 €
Infos & réservation
Thème
Lors d’un concert de Noël, Etienne, un petit garçon de 4 ans, déclare à une petite fille qu’il l’aime (« parce que tu as les yeux ronds »). Elle lui rétorque « je ne t’aime pas parce que tu as les cheveux de travers ».
La belle histoire s’arrête là en quelque sorte ! La narratrice, dont on ne connaîtra jamais le nom et qui est la petite fille du concert de Noël, nous entraîne dans le cours de sa vie ; cette vie d'adolescents et des premières amours. Au rythme de la musique classique, ce sera l’histoire des rendez-vous manqués entre l’héroïne et Etienne. Ils se retrouvent un jour sur le banc du collège… Il ne se souvient pas d’elle ! Notre narratrice, marquée par le départ de sa mère du foyer familial, se construit une vie avec un mari aimant, deux enfants, une profession. Mais à l’occasion d’autres rencontres fortuites avec Etienne, elle se rend compte de la vie qui est passée depuis la déclaration du concert de Noël et ce constat l’incite à se remettre en question. Le livre est une succession des états d’âme de l’héroïne.
Points forts
- Une belle analyse de cette vie qui passe.
- La présence de l’art par la musique représente des moments forts dans la vie de la famille ; nous « vivons » la belle harmonie entre le père et ses 3 filles répétant sans cesse un quatuor, celui en Mi bémol majeur de Fanny Hensel-Mendelssohn ; nous entendons aussi La jeune fille et la mort de Schubert.
- La narratrice sait rendre le mal de vivre de sa mère qui collectionnait les sacs plastiques et qui, en quittant le foyer familial, a laissé sa fille et sa famille désemparées.
- De bons passages savoureux lorsque la narratrice nous décrit les rapports entre les ashkénazes et les sépharades dans un milieu aimant et cultivé.
Quelques réserves
Si la première partie est une narration vivante, la deuxième partie me semble pleine de noirceurs avec des personnages caricaturaux dont on peut se demander pourquoi ils existent !
J’ai trouvé quelques invraisemblances : l’héroïne et sa mère, chacune dans sa vie de femme, d’épouse, semblent incapables de se servir d’un lave-linge…..
Etienne, « l’éternel fiancé » a une vie un peu glauque : après une existence bohème en Amérique du Sud avec sa compagne de jeunesse, il devient père d’une petite Rita dont la maman meurt en la mettant au monde. Et, sans moyens d’existence, il devient gigolo pour gagner sa vie !
Encore un mot...
Ce roman sur le passage du temps est souvent mélancolique. Les chapitres, assez courts, en font une histoire un peu éparpillée. Il m’a manqué ce « quelque chose » qui nous fait rentrer dans un bon roman. Cela ne remet pas en question la qualité du style qui coule agréablement et la beauté de l’écriture. C’est surtout la deuxième partie qui n’a pas entraîné mon adhésion.
Une phrase
"Mais elle songe qu’ils sont à présent fiancés à cause de la musique, officiellement fiancés à cause de la salle des mariages.
Des dizaines d’années plus tard, elle considère que ce garçon qu’elle rencontre par hasard, à intervalles réguliers, et qui se rappelle à peine son prénom d’une fois sur l’autre, lui appartient pour toujours.
Comme en musique, elle reprend au début, à partir de là, le lien se noue. Il lui dit qu’il l’aime, qu’il l’a choisie parce qu’elle a les yeux ronds, et elle lui répond » Moi aussi je t’aime parce que tu as les cheveux de travers » et tout recommence". (pages 10 et 11)
L'auteur
Agnès Desarthe est née en 1966, fille du pédiatre Aldo Naouri, sœur du baryton Laurent Naouri et femme du cinéaste Dante Desarthe. Agrégée d’anglais, elle mène en parallèle une carrière d’écrivaine et de traductrice. Elle est l’auteur de nombreux romans pour la jeunesse et d’une douzaine d’ouvrages pour adultes, dont Je ne t’aime pas, Paulus, L’Ecole des Loisirs, 1991; Dans la nuit brune, Éditions de l’Olivier, 2010 ; Ce coeur changeant, Points, 2015 ; La Chance de leur vie, Éditions de l’Olivier, 2018.
Ajouter un commentaire