Les Yeux de Mona
Parution en février 2024
478 pages
22,90 euros
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Thème
Regarder un tableau. Ou plutôt apprendre à le regarder, méditer longuement devant une œuvre, ses formes, ses motifs, ses jeux de lumière et puis, imperceptiblement, laisser affleurer cette sensation première, vive , diffuse, que l' on nomme parfois : l' émotion esthétique...
Chaque mercredi après l' école, la petite Mona et son grand- père cheminent dans les couloirs des musées parisiens à la découverte de certains chefs-d' œuvre. Le temps est compté, car Mona risque de perdre la vue. Alors pour conjurer le mauvais sort, son grand- père lui propose ses exercices d' admiration: Léonard de Vinci, Vermeer, Goya, Manet , Degas , Van Gogh , Magritte... Autant d' hymnes à la beauté et à l' harmonie du monde.
Chaque rencontre avec un artiste débouche sur une leçon de vie, un " précipité moral et philosophique". Et à chaque fois , ce grand- père - si sensible et raffiné - parle à l' enfant comme à un adulte: “ fais confiance à ton corps, à tes impressions immédiates, ne cherche pas à les masquer, la beauté saisit disait Cocteau et vois-tu Mona, une oeuvre d' art cela dérange parfois…”
Au fil du temps, Mona absorbe tout, elle affine son expertise, le grand-père remarque qu' elle a " l' oeil absolu", comme on dit parfois d' un musicien, qu'il possède l' oreille absolue. A travers ces promenades buissonnières au Louvre, à Orsay ou à Beaubourg se nouent entre ces deux êtres une complicité profonde scellée par un pacte secret. Ne rien dire aux grandes personnes dont parlait déjà avec méfiance en son temps, le Petit Prince. Chut ! Papa et Maman englués dans leurs problèmes quotidiens s' imaginent que Mona se rend chez un pédo-psychiatre qui lui fait du bien..
Bientôt Mona va glisser de l' enfance à la jeune fille : bouillonnement de l' adolescence, tout crépite, tout brûle, l' art embrase la vie..
Points forts
Un conte moderne qui ravive en nous l' art ( hugolien) d' être Grand- Père.
Une réflexion profonde et savante sur la manière de voir un tableau, une toile, un paysage, un visage. "Ce sont les regardeurs qui font le tableau" écrit Thomas Schlesser. Mais chez certains peintres comme Gainsborough ( La Conversation dans un parc) on débusque parfois un admoniteur, ce personnage qui regarde le spectateur et l' invite à entrer dans le tableau.
Une initiation au Beau, mais aussi une invitation à redécouvrir tous nos sens: Mona cherche à toucher la matière, à se lover en silence dans le recoin d' une œuvre contemporaine. (Louise Bourgeois)
Quelques réserves
Un brin d' agacement (d'envie? ) devant tant d' érudition, même si le propos de Thomas Schlesser n'est jamais pédant .
Un dénouement un peu convenu, très cinématographique. Après le succès international (mérité) du livre, les producteurs de Hollywood doivent être sur la ligne de départ…
Encore un mot...
Cinquante deux semaines pour un parcours initiatique émaillé de joies profondes, d' angoisse et de peines. Et me revient à l' esprit ces quelques vers de Eugène Guillevic:
“ Il y a sacrifice,
On ne sait pas de qui,
A moins que ce ne soit
De celui qui regarde.”
Une phrase
“ Henry se mit à rire. Et son rire la fit rire à son tour. C'est là, précisément là, qu'il aurait voulu lui parler du philosophe Alain et de ce qu'il racontait dans ses Propos sur le bonheur. Alain y affirmait que ceux qui s'efforcent d' être heureux méritent une médaille, une médaille civique, parce que leur propre résolution de se montrer contents, satisfaits, au prix parfois d' un exercice un peu appuyé de la volonté, irradie sur autrui.” (page 43)
L'auteur
Thomas Schlesser est enseignant à Polytechnique, historien de l'Art et directeur de la Fondation Hartung- Bergman. Il a publié de nombreux essais et écrit des scénarios de films et de documentaires.
Il est l' auteur de nombreuses performances ou de banquets festifs, comme celui des 200 ans de Courbet. Il a travaillé pendant dix à l' écriture des Yeux de Mona prenant pour héroïne une fillette âgée de dix ans...
Commentaires
Excellent livre qui nous apprend à regarder un tableau en profondeur. Je recommande. Le seul bémol est la présentation des tableaux dans la jaquette de couverture qui ne rend pas aisée la vision des tableaux et leur petite taille ne permet d'apprécier chaque détail décrit dans le texte. Une pleine page après chaque chapitre aurait été plus claire et instructive. Dommage. Mais c'est un livre à lire !!
J'ai adoré et apprécié cette façon de découvrir une œuvre et son auteur.
Idée géniale de Monsieur Thomas Schlesser.
Très répétitif et ennuyeux. Mais il faut se forcer et aller jusqu'au bout pour découvrir que l'auteur est un militant de l'euthanasie. Le lecteur ouvre alors les yeux et comprend mieux la grosse caisse médiatique qui a encensé le bouquin. En fait c'est un copinage philosophique
Pourquoi pas mais pourquoi le cacher derrière la petite histoire un peu gnangnan de la gentille petite fille et de son gentil grand père.
Oui, Mona découvre que sa grand-mère a choisi l'euthanasie et cela la trouble profondément. Devant ses camarades d'école, elle évoque un "acte incroyable et courageux." Des mots forts, peu usuels dans la bouche d' une fillette. Alors, militantisme de l'auteur ou liberté laissée au personnage? A chacun de juger, sans préjugés. Sauf à penser que Thomas Schlesser avance masqué - ce que je ne crois pas - il s'agit, je le rappelle, d'un roman et non d'un essai.
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