Les seize arbres de la Somme

Un hymne captivant au travail du bois
De
Lars Mytting
Editions Actes Sud - 420 pages
Notre recommandation
4/5

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Lu
par Culture-Tops

Thème

Edvard Hirifjell vit avec son grand-père, Sverre,  sur l’ubac de Saksum en Norvège, dans une ferme isolée. Il ne connaît de ses parents qu’une photo posée sur la commode à côté du téléphone : ils sont morts accidentellement en France en 1971. Edvard avait alors trois ans, il les avait accompagnés dans la Somme mais n’a aucun souvenir de ce voyage fatal. Comme l’arbre qui «  doit enfermer la blessure et continuer de pousser » (P. 36), il  a grandi sans pouvoir poser de questions. 

Il faudra une coupure de journal, l’apparition d’un mystérieux cercueil et le témoignage d’un vieux pasteur pour qu’il se décide à quitter sa ferme, ses pommes de terre et ses moutons. Même la jolie Hanne ne peut le retenir ! Au volant d’une antique Mercedes noire, il entame alors un périple sinueux  et une quête initiatique.

Points forts

- D’énigmes en mystères, la tension dramatique reste soutenue malgré la longueur.

- Un parcours original, de la Norvège aux Iles Shetland, en passant par les champs de bataille de la Somme.

- Des descriptions pittoresques et des personnages hauts en couleur.

Quelques réserves

Quelques termes maladroitement traduits, et une intrigue parfois un peu  complexe, mais cela ne retire pas le plaisir de la lecture…

Encore un mot...

La jolie couverture (détail du tableau Les Premières Gelées, peint vers 1900 par Olga Wisinger-Florian) est déjà une invitation à la lecture et, dès les premières lignes, le récit  nous entraîne sur les traces des parents du narrateur. Un périple qui permet de faire d’insolites rencontres, des fermiers suspicieux du petit bourg de Saksum aux soldats écossais en kilt de la Première Guerre Mondiale. 

Lars Mytting fait aussi surgir sous sa plume des lieux dont il restitue avec talent l’atmosphère : un chalet de rondins en Norvège, un imposant et énigmatique manoir écossais, une fermette en pierres chauffée à la tourbe, et même un improbable salon de coiffure Art Déco perdu au fin fond des Iles Shetland ! 

On découvre avec délice une nature omniprésente, magnifiquement déchaînée ou artistement domptée par les cultivateurs de pommes de terre et les ébénistes de talent. Car le vrai sujet est là : le travail du bois, notamment des essences rares, est le fil directeur d’une quête qui est un véritable hymne à la nature, aux arbres, et aux gestes de l’artisan .

Un livre que l'on a du mal à lâcher !

Une phrase

« Mais ce qui me coupait vraiment le souffle était le bois. Le bouleau flammé ambre scintillait. Il était presque phosphorescent dans le crépuscule de la pièce. Sur l’intense couleur de fond, le veinage orange s’enroulait en imprévisibles langues étirées. Des structures compactes changeaient de forme et s’élançaient comme des griffes, différentes à chaque angle duquel je regardais le cercueil. Un damier à peine visible était évidé dans le couvercle. Sous l’effet de profonds ornements, lumière et ombres projetaient des couleurs et des éclats sans cesse renouvelés. » 

L'auteur

Né en 1968, le Norvégien Lars Mytting, après des études de Lettres et de journalisme, a travaillé quelques années dans une maison d’édition . Il s’est ensuite retiré à 150 km au Nord-Est d’Oslo avec sa femme et ses filles : un retour à ses origines rurales qui lui permet de se consacrer à l’écriture. Son roman L’Homme et le Bois, paru chez Gaïa en 2016, est une ode aux arbres, et à l’origine d’une notoriété internationale. 

Commentaires

PATRICIA
lun 27/04/2020 - 17:27

Je suis à la moitié de la lecture de ce roman, je suis captivée, remuée par l'histoire d'Edvard, la vérité, le silence, l'identité, sont des thèmes puissants que cet auteur sait écrire et ce n'est pas évident. Quelques longueurs, oui, peut être pour un lecteur français. Mais la métaphore du bois et des arbres cerclés est magnifique.

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