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Thème
Isabelle Carré nous fait entendre une musique, celle des années 70-80, dont la "bande originale" occupe la dernière page. Cette musique, c'est celle qui a bercé son enfance, mais ce n'est pas une chanson douce. Si le style reste délicat et sans jugements, il pointe les fausses notes dans la partition: née dans une famille atypique qui cultive un style de vie bohème, Isabelle perçoit vite le désarroi et les paradoxes de ceux qui l'entourent. Elle souffre, se cherche, et griffonne des cahiers qui lui fourniront à l'âge adulte la trame de cette autobiographie.
Points forts
- Une reconstitution minutieuse des années 70, avec ses couleurs acidulées et ses objets cultes, certains conçus par le père d'Isabelle Carré, designer.
- Une étude sensible et juste de la société de la fin du XXème siècle, entre volonté d'émancipation et tabous, libération sexuelle et sida.
- Des scènes poignantes: sa mère condamnée à vivre sa première grossesse dans la honte et la solitude, le séjour en hôpital psychiatrique, les efforts maladroits des parents, la visite au père en prison...
- La description haute en couleurs d'un appartement improbable.
Quelques réserves
- L'histoire gagne en intérêt si l'on connaît bien l'actrice Isabelle Carré, douce et lumineuse, qui casse un peu ici son image et nous permet de mesurer le chemin qu'elle a parcouru.
- La carrière de comédienne n'est ici qu'évoquée. Pas suffisamment de détails à mon goût sur sa formation, son expérience du théâtre, ses petits et grands rôles...
Encore un mot...
Dernièrement, plusieurs romans ont abordé avec succès le thème de la folie de la mère et des modèles parentaux déstabilisants, notamment Rien ne s'oppose à la nuit et Les Loyautés de Delphine de Vigan, ou En attendant Bojanglès d'Olivier Bourdeaut. Cela nuit un peu à cette autobiographie qui ne manifeste pas la même puissance d'écriture. On en apprécie cependant la délicatesse, notamment si l'on connaît et admire Isabelle Carré sur les planches ou sur le grand écran.
Une phrase
"Notre vie ressemblait à un rêve étrange et flou, parfois joyeux, ludique, toujours bordélique, qui ne tarderait pas à s'assombrir, mais bien un rêve, tant la vérité et la réalité en étaient absentes. Là encore, et malgré la sensation apparente de liberté, il fallait jouer au mieux l'histoire, accepter les rôles qu'on nous attribuait, fermer les yeux et croire aux contes." (P.62)
L'auteur
Née le 28 mai 1971, Isabelle Carré, grande admiratrice de Romy Schneider, commence très jeune sa carrière d'actrice. Récompensée d'un César en 2003, et à deux reprises, en 1999 et 2004, du Molière de la meilleure comédienne, elle écrit avec Les Rêveurs son premier roman, autobiographique.
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