Les Prépondérants
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Thème
Une petite ville imaginaire du nord Maghreb : Nahbès. C’est le printemps 1922, des Américains d’Hollywood viennent y tourner un film « orientalisant ». La modernité qu’ils amènent vient bousculer l’ordre établi avec des notables traditionnels, des colons français et de jeunes nationalistes nourris de rêve d’indépendance. Roman choral, Les Prépondérants fait défiler tant et tant de personnages dans le tourbillon de l’histoire. Langues, cultures, pouvoirs, ça bouillonne… et de ces personnages, certains feront le voyage, destination Paris ou Berlin. Certains, et d’autres, s’aimeront dans une Europe qui, à nouveau, se déchire. Des vies et des destins plongés dans les années 1920, les fameuses « Années folles » durant lesquelles, en Europe, en Afrique du nord ou encore en Californie, des êtres et des existences vont entrer en collision, s’affronter.
Points forts
-Avec Les Prépondérants, tout comme auparavant avec Waltenberg et Savoir-vivre, Hédi Kaddour a placé la barre à une hauteur olympique. Et il la franchit aisément, signant là ce qu’il appelle un « roman-monde » avec la rencontre de trois univers : les « prépondérants » qui vivent entre eux, les élites arabes et le cinéma américain. Commentaire de l’auteur : « Si je devais prendre une comparaison, je dirais que Les Prépondérants, c’est l’irruption de Gatsby le Magnifique dans l’univers des frères Tharaud, celui du roman colonial classique ».
-Kaddour, c’est aussi le mix parfait (parce que tout au long des 466 pages) entre plusieurs genres : le roman d’aventure, d’éducation ou encore historique. Roman ambitieux mais jamais prétentieux, Les Prépondérants est ample, avec des allées et venues entre le Maghreb, l’Europe dévastée au sortir de la Première Guerre mondiale et l’Amérique, et un décryptage des enjeux de l’époque.
-Ce troisième roman de Hédi Kaddour vaut aussi par une écriture certes classique mais emplie de rythme et soucieuse du détail. Une écriture placée en permanence sous le sens de l’économie. A aucun moment, à aucune page, l’auteur ne tire à la ligne, ce qui assure un délicieux bonheur de lecture.
-Avant de se laisser emporter dans l'écriture de romans, Hédi Kaddour a écrit des recueils de poésie. Il n’a pas manqué de lui accorder une belle et grande place dans Les Prépondérants; le faisant toujours avec délicatesse, ce qui donne au récit une formidable densité.
Quelques réserves
-Roman « à l’ancienne », Les Prépondérants s’attarde trop sur les turpitudes de l’actrice hollywoodienne; ce qui provoque un déséquilibre avec les autres personnages, tous parfaitement dessinés.
-Une faute historique : en 1923 à Paris, une des voies partant de l’Arc de Triomphe ne s’appelait pas encore Avenue Foch mais Avenue du Bois-de-Boulogne. On lui pardonnera...
Encore un mot...
Une magnifique fresque littéraire dans les années 1920 au Maghreb, en Europe et en Californie avec une galerie de personnages qui, tous, veulent inventer leur vie.
Une phrase
« Il y a le traditionaliste résigné, et, à côté de lui, le traditionaliste actif ou salafiste, puis le nationaliste radical, le modéré, le socialiste démocrate, le révolutionnaire, la communiste, le faux persécuté, le mystique soufi, très aimé des Occidentaux, le radical embourgeoisé, le comploteur organisé, l’anarchiste solitaire, le croyant qui dit que si on croit ça ira mieux, mais l’incroyant n’apparaît dans toute sa splendeur que quand l’alcool a bien circulé, il y a aussi le panarabe et même le turcophile kémaliste ».
L'auteur
Né le 1er juillet 1945 à Tunis (Tunisie), Hédi Kaddour est romancier, poète, essayiste et traducteur (anglais, allemand et arabe). Journaliste et professeur de littérature française, il a enseigné, entre autres, à l’Ecole Normale Supérieure de 1984 à 2006. Il est venu tardivement à l’écriture romanesque puisqu’à 60 ans, il a publié son premier roman, Waltenberg (prix Goncourt du premier roman et « meilleur roman français de l'année 2005 » pour le magazine Lire). Ont suiviSavoir-vivre (2010) et Les Prépondérants (2015). Avec ce troisième roman et après avoir reçu le prix Jean-Freustié, Hédi Kaddour est cet automne finaliste des prix Goncourt, Médicis et Fémina et vient d'obtenir le Grand Prix du roman de l’Académie française.
Hédi Kaddour aime rappeler que, pour lui, « la tâche d’un écrivain, c’est la mise en voix des autres ».
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