Les Oracles
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Thème
Au cours d’un violent orage, la foudre s’abat sur une petite ville du East Head, transformant une banale chaise de jardin en un objet hirsute, tellement étrange que les habitants pensent qu’il s’agit d’Apollon, le dernier chef-d’œuvre contemporain du sculpteur local Conrad Swann,
C’est le point de départ d’une savoureuse description de la vie étriquée de province avec ses mesquineries, ses prétentions, sa terreur de ne pas être dans le coup, mais également son entraide réelle générée par le voisinage et l’intérêt porté aux proches.
Points forts
Une critique acerbe du « snobisme culturel », incarné par Martha Rawson, riche mécène autoproclamée, capable de déceler une œuvre d’avant-garde dans une chaise foudroyée et d’imposer sa vision à tous ceux qui l’entourent.
La province anglaise des années cinquante décrite avec beaucoup d’humour et une certaine cruauté (le lundi, jour de lessive) paraît vraiment intemporelle,
L’évolution du jeune ménage Pattison au cours du roman apporte une note délicate : heureux dans sa province sans beaucoup d’arrière-pensées, (et même sans pensées du tout) le jeune notaire Dickie commence à prendre conscience de la platitude de sa vie et se sent isolé au point de se créer un double, un « Doppelgänger », avec qui converser pour combler le vide de sa vie. Il retrouvera alors sa petite épouse Christina pour une nouvelle entente, chacun étant prêt à toutes les concessions pour que l’autre soit heureux « Elle devait trouver son bonheur en assurant celui de Dickie, faute de quoi, elle dépérirait ».
Quelques réserves
Les relations entre les personnages, essentiellement parents-enfants, ne sont guère crédibles, voire artificielles, en particulier celles qui concernent Serafina, la gamine en charge, on ne sait trop pourquoi, d’une bande de garnements affamés.
Une bonne idée de départ exploitée de façon un peu brouillonne.
Encore un mot...
Bizarre …
Une mince intrigue d’un intérêt mitigé qui ne devrait pas laisser au lecteur un souvenir impérissable.
Une phrase
« Don se demanda si Martha avait assez de poids pour faire venir le moindre critique à East Head, puis décida de ne rien exprimer de ses doutes. Inutile de se disputer pour si peu. Et pourtant… Son regard se posa à nouveau sur l’Apollon.
- Tu es sûre et certaine, s’enquit-il d’une voix lente, que c’est bien Conrad qui… Que c’est son… Que c’est bien lui qui l’a fabriqué ?
- Enfin ! Mon cher ami ! Qui veut-tu que ce soit d’autre ? » p. 258« Mon neveu dit que l’art n’a pas besoin de viser le beau. C’est parce que les artistes ne peuvent pas continuer à représenter éternellement la même chose et qu'ils ont épuisé le stock de la beauté. »
L'auteur
Margaret Kennedy (1896-1967) est une romancière et scénariste britannique qui s’est rendue célèbre en 1924 avec La nymphe au cœur fidèle adapté en France par Jean Giraudoux sous le titre de Tessa . Dans les années 30, elle signe plusieurs scénarios et reprend sa plume de romancière à partir des années 50. Ce livre écrit en 1955 est publié en France en 1959, il a été retraduit en 2024.
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