Les Mandible. Une famille, 2029- 2047

Etats-Unis: la décadence inéluctable?
De
Lionel Shriver
Editions Belfond - 528 pages
Notre recommandation
4/5

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Lu
par Culture-Tops

Thème

L’Amérique est dans tous ses états. L’eau y est rationnée. Le président est un Latino, et il fait ses discours en espagnol. Le Mexique voisin envisage la construction d’un mur à la frontière pour empêcher les Américains d’émigrer… Voilà pour le décor de « Les Mandible. Une famille, 2029- 2047 », le nouvel et treizième roman (le huitième VF) de l’Américaine Lionel Shriver, mondialement (re)connue depuis son best-seller, « Il faut qu’on parle de Kevin ». 

Installée depuis quelques années à Londres, l’auteure américaine, 60 ans, s’est fait une spécialité : pointer les travers de l’Amérique. Elle a poussé l’expérience encore un peu plus loin avec « Les Mandible… », histoire d’une famille menée par le patriarche nonagénaire et qui fut richissime. Sur deux décennies, on va donc suivre cette famille, tous les personnages qui la constituent et qui attendent la mort du patriarche pour récupérer l’héritage; du moins, le peu qui va rester, vu l’état économique calamiteux d’un pays où le dollar ne vaut plus rien.

Points forts

- Lionel Shriver a écrit un roman fleuve (plus de 500 pages) mais surtout elle livre un texte dans lequel, à aucun moment, l’économie ne devient le sujet principal.

- D’une écriture vive et pointilleuse, la romancière américaine montre surtout et avant tout les personnages d’une famille et leur action, leur réaction dans une situation de crise.

- Le choix de l’auteure de privilégier les dialogues plutôt que les descriptions, « de telle sorte que le lecteur est actif », confie Lionel Shriver.

- Un art de prédire et décrire les catastrophes… toujours avec humour.

Quelques réserves

Le rythme effréné, semblable à celui d’un rodéo pas toujours raisonné, peut affoler, désarçonner certains lecteurs...

Encore un mot...

L’argent et la morale envisagés par une auteure pessimiste. Une plongée sur deux décennies dans des Etats-Unis en faillite, à travers l’histoire d’une famille. Un roman magistralement maîtrisé et réussi.

Une phrase

- « Le problème, quand on était professeur d'université, c'était qu'à gagner sa vie en pontifiant, il était assez difficile d'arrêter de débiter des conneries une fois chez soi ».

 - « Sa mère avait vidé sur sa commode un bocal de pièces qu'elle avait accumulées depuis des années. Avec fébrilité, elle triait les pièces par valeurs- un cent, dix cents, vingt-cinq cents- et constituait, semble-t-il, des piles de dix. En la regardant faire, Willing sentit la tristesse le submerger. Ce n'était pas seulement le désespoir de sa mère. C'étaient les pièces en elles-mêmes. Quand il était petit, une pile de pièces de vingt-cinq cents avait semblé si précieuse. Quelque chose dans la nature même du métal- dureté, brillance, poids, permanence- lui avait toujours donné l'impression que les pièces de monnaie avaient plus de valeur et de substance que les billets ».

L'auteur

Née le 18 mai 1957 à Gastonia, Caroline du Nord (Etats-Unis), Margaret Ann Shriver est une journaliste et écrivaine américaine. A l’âge de 15 ans, elle décide de changer de prénom et se fait alors appeler Lionel, convaincue que les hommes ont la vie plus facile que les femmes. Elle étudie à l’université Columbia, vit à Nairobi, Bangkok puis Belfast avant de s’installer à Londres. Journaliste pour la presse économique, avant ce dernier roman, « Les Mandible. Une famille, 2029- 2047 », elle a connu le succès mondial avec « Il faut qu’on parle de Kevin » et « Big Brother ».

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