Les guerres de mon père
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Thème
Un père prénommé Gilbert. Un père qui s’efforçait à tout moment de (faire) croire que la vie est belle. Le clair-obscur… parce qu’enfant juif caché, parce qu’adolescent marqué à jamais par l’assassinat de son père homosexuel, parce que médecin jeune et détruit psychologiquement durant la guerre d’Algérie.
Pour suivre et retracer la vie de son père, l’auteure -sa fille Colombe Schneck-, a effectué le grand plongeon dans les archives: dossiers scolaires, liste de familles juives françaises ou non, dossiers administratifs de toutes sortes…
En se lançant dans l’écriture des « Guerres de mon père », l’écrivaine souhaitait mieux connaître ce père mort il y a vingt-cinq ans mais dont elle n’a toujours pas accepté la disparition. Et Colombe Schneck, de confier : « Sa mort à la sortie de l’adolescence m’a laissée dans un état de grande solitude. En écrivant, en enquêtant dans les archives, pour comprendre ce que mon père fuyait, je me suis avouée, pour la première fois, que nous n’étions pas coupables de nos errances en tout genre et que, peut-être, je pouvais accepter d’être aimée »…
Points forts
- Au fil des ans et des parutions, Colombe Schneck avance en mots, sans tapage mais sûrement. Là encore avec « Les guerres de mon père », elle brille par son élégance, sa fragilité. Par le clair-obscur aussi.
- Le portrait intime et universel d’un père.
- Le texte tout en émotion(s) d’une enquête à la fois menée avec obstination et emplie de tendresse.
- L’hymne au goût insubmersible de vivre pratiqué par un homme de bien.
Quelques réserves
Encore un livre sur le père, diront certains, mais il tiendrait de la malhonnêteté de trouver un quelconque point faible dans ce livre débordant d’amour, de tendresse et d’émotion pour un homme qui fut « juste quelqu’un de bien »…
Encore un mot...
Un beau texte d’une grande tendresse.
Une phrase
Ou plutôt deux:
« Si vous l’aviez connu, vous n’auriez rien pu deviner, son regard était toujours doux, souriant. A ses côtés, on se sentait aimé. Mon père voulait savoir ce qu’il pouvait faire pour vous. Comment vous aider. Quel était votre désir.
Guettant la moindre grimace, le plus infime souffle de contrariété auquel il répondait :
- Cœur qui soupire n’a pas ce qu’il désire.
Alors, il partait en quête de ce qui pouvait vous soulager ».
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« Mon père s’adressait à chacun, sans hiérarchie sociale inutile.
Il connaissait les prénoms et noms des commerçants chez qui il faisait ses courses, ceux de leurs enfants, leurs soucis de santé bien sûr, car on lui demandait conseil, et il rassurait, cherchant, si nécessaire, les coordonnées d’un spécialiste. J’étais impatiente que les conversations se terminent quand je le suivais chez le boucher ou ailleurs.
- Tous ces inconnus sont si importants ?
- Oui, me répondait-il ».
L'auteur
Née le 9 juin 1966 à Paris, Colombe Schneck est une journaliste française, réalisatrice de documentaires et écrivaine. Diplômée de L’Institut d’études politiques de Paris et titulaire d’une maîtrise de Droit public, elle a été journaliste pour, entre autres, France5, Canal+, i>télé et FranceInter.
En 2006, elle publie son premier roman, « L'Increvable Monsieur Schneck » pour lequel elle reçoit le Prix Murat. Suivront neuf autres livres, parmi lesquels « Val de Grâce » (2008, Grand Prix de l'Héroïne Madame Figaro), « Une femme célèbre » (2010, prix Anna de Noailles de l’Académie française), « Mai 1967 » (2014, Prix Messardière du roman de l'Eté), « Dix-sept ans » (2015) et le dernier en date, donc, « Les guerres de mon père ».
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