Les grandes patries étranges

Un roman d’amour étrange et dérangeant pendant la première moitié du XXème siècle en France
De
Guillaume Sire
Calmann Levy
Publication le 21 août 2024
349 pages
21,90 Euros
Notre recommandation
2/5

Infos & réservation

Thème

 Joseph Portedor naît à Toulouse au début du XXème siècle. Enfant très particulier, il se retrouve orphelin : son père Emmanuel est mort au champ d’honneur pendant la Première Guerre mondiale. Mère et fils vont devoir déménager dans un appartement et Thérèse (la mère) sera obligée de travailler en faisant des ménages dans un bordel.

Joseph, hypersensible, a des dons ; il ressent tout ce qui peut arriver aux autres : la maladie,  la mort, l’histoire d’un objet… Il « consulte » le samedi dans le bordel où travaille sa mère !

Une famille de musiciens, les Halbron, s’est installée dans l’appartement en dessous ; Joseph est fasciné par la musique. Il écoute cette petite fille qui passe ses journées à jouer du Schumann. Elle s’appelle Amina, a perdu son frère Gabriel et est juive.

Autant Joseph est doux, Amina est une vraie « peste », insensible, traitant Joseph durement. Mais il va tomber amoureux fou, se jurant de protéger cette jeune fille et de l’aimer toute sa vie.

A travers cette histoire d’amour, nous suivrons l’histoire de Joseph en ces années très troublées : la montée de l’antisémitisme, la guerre d’Espagne, la 2ème Guerre mondiale, la Résistance, la Libération…. autour de nombreux personnages.

Points forts

  • Les personnages, plutôt truculents, comme la Mère Maquerelle « La Cardinale », les putes résistantes au grand cœur, André le prêtre communiste.
  • La solidarité entre toutes ces personnes.
  • La traversée de cette période : les anarchistes espagnols, le cochon philanthrope ( ?), les amitiés dans les moments difficiles.
  • Les belles pages lorsque Joseph parle des livres.
  • L’amour inconditionnel de Joseph sans cesse à la recherche d’Amina

Quelques réserves

  • Une progression fastidieuse dans le récit, avec des personnages parfois peu crédibles (même si parfois truculents).
  • Une intrigue déjà trop rencontrée : les thèmes de la guerre, l’antisémitisme, les luttes personnelles avec trop de retours en arrière.
  • Le personnage d’Amina si peu attentive à l’amour de Joseph
  • Les évènements s'enchaînent parfois trop rapidement alors que nous sommes déjà perdus dans tous les rebondissements.
  • Des liens un peu légers par rapport à l’Histoire, entraînant l’invraisemblance de certaines situations.

Encore un mot...

Bien que se déroulant dans cette période particulièrement troublée ( la Guerre d’Espagne, la montée de l’antisémitisme et l’arrivée du nazisme), l’histoire de cet amour impossible ne m’a pas procuré de grandes émotions : un roman d’amour étrange et déroutant. On n’apprend pas grand-chose et la fin est vraiment particulière, voire invraisemblable.

Un livre baroque comme le dit la 4ème de couverture ? Un conte peut-être auquel je n’ai pas réussi à m’intéresser complètement. L’écriture apparaît flamboyante mais avec trop d’excès, je m’en suis lassée.

Un roman dont la lecture me fut parfois pénible ! Mais cela n’engage que moi et sans doute faut-il le lire pour s’en faire un avis personnel.

Une phrase

« Une silhouette s’esquissa sur le bois rouge. Les angles dans la gorge de Joseph fondirent. La fille était là : sa peau blanche, son duvet sur le bord des lèvres. Son sourire lui dessinait des couteaux sous les mâchoires. Des pupilles ovales accentuaient l’aspect oriental de son visage et donnaient à son regard une signature virile, presque une forme de vieillesse, contrebalancée par le cuivre des cheveux, la pinte elfique des oreilles, la porcelaine des joues. » p. 34

« Après le lycée, il a été embauché à la bibliothèque Saint-Rémésy. Il y cohabite avec les mots, leur peau d’encre, leur clarté, leur texture, les joues des voyelles, les hampes des consonnes. Chaque livre, c’est quelqu’un. Souvent, il en ouvre un au hasard.Les livres ont une vie. Joseph traverse leurs nervures, leur goître d’écaille, leur velin, leurs onglets. »          p. 129/130

L'auteur

Guillaume Sire, écrivain toulousain de 40 ans, est professeur d’université. Parmi ses romans précédents édités chez Calmann Lévy, notons Avant la longue flamme rouge qui reçut le Prix Orange du Livre en 2020, Douze sales gueules ( 2020) et Les contreforts ( 2021).

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