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Thème
Un homme, dont on ne saura pratiquement rien, traverse en touriste une France en pleine guerre civile, où des factions de tous bords se livrent des combats sporadiques, sous l’égide paresseuse des Nations Unies. Il croise des snipers maladroits, des reporters plus ou moins téméraires, des miliciens mal équipés et les inévitables associations humanitaires. Il retrouve un vieil ami (qui fut peut-être son amant), récupère une ancienne maîtresse (dont il a peut-être eu un fils), l’abandonne aux mains d’une milice quelconque et poursuit sa route en cherchant mollement ce fils hypothétique avant que cette ancienne maîtresse ne le rejoigne pour un exil supposé…
Points forts
- Une idée de départ intéressante : nos paysages familiers bouleversés par une guerre civile, nos villes aux immeubles éventrés et aux boutiques pillées, nos routes éventrées, la laideur habituelle de nos zones commerciales à peine défigurées par les impacts, quelques cadavres et deux ou trois véhicules calcinés, le tout décrit méticuleusement par un vrai correspondant de guerre habitué d’autres conflits.
- Une certaine mélancolie dans l’évocation minutieuse de la nature éternelle : les champs, les arbres, les fleurs sauvages, les oiseaux, les insectes, restés étrangers à la folie des hommes.
- Quelques trouvailles qui parodient la manie actuelle des sigles : la FINUF (Force d’Interposition des Nations Unies en France), les Unitaires, dit Zuzus, milice d’extrême droite, le Hezb et le AQBRI (Al Quaïda dans les Bouches du Rhône Islamiques), milices islamiques.
Quelques réserves
- La distanciation voulue débouche assez rapidement sur la vacuité : des personnages transparents se rencontrent, se perdent, se retrouvent sans raison explicite; comme on ne sait rien d’eux, leur sort nous reste complètement indifférent.
- La nécessité de disposer de cartes détaillées et des plans de chaque bourgade traverséepar le narrateur pour s’intéresser (et encore !) à ses errances. L’auteur ne nous fait grâce d’aucun n° de départementale ou de nationale, d’aucun nom de rue, de place, de carrefour…
- L’intervention totalement artificielle (et gratuite) d’un deuxième narrateur qui n’ajoute strictement rien à ce récit qui n’en est pas un.
- Un style alambiqué, des phrases très longues qu’il faut reprendre plusieurs fois pour les comprendre (n’est pas Proust qui veut...)
Encore un mot...
Certains critiques se sont étonnés du peu de retentissement de ce livre, qu’ils mettent sur le même plan que le « Soumission » de Houellebecq, sous prétexte qu’il s’agit d’un affrontement entre Islam et Occident… C’est peut-être tout simplement parce qu’il ne s’y passe rien...
Si le titre se réfère à une guerre qui ne dit pas son nom (celle d’Algérie, pratiquement toujours désignée par « les événements » d’Algérie), il s’agirait plutôt ici de non-événements.
Une phrase
Difficile de trouver une phrase marquante et (surtout) assez courte pour tenir dans cette chronique...
L'auteur
Ecrivain et journaliste, Jean Rolin a couvert, comme reporter de guerre, nombre de conflits contemporains, notamment au Liban et en ex-Yougoslavie. Son œuvre littéraire, forte d’une vingtaine d’ouvrages, a reçu de nombreux prix, dont le prix Albert-Londres, pour « La ligne de front », en 1988.
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