Les derniers sur la liste

Août 1944. Résistance clandestine et tentative d'évasion à Buchenwald.

Grégory Cingal

Grasset
Parution le 21 août 2024
320 pages
22,50 €

Notre recommandation

4/5

Infos & réservation

Thème

Août 1944. Trente-sept officiers de renseignement alliés sont déportés au camp de concentration de Buchenwald. Trois semaines après leur arrivée au Block 17, seize sont pendus. D’un jour à l'autre, le même sort attend les vingt-et-un autres.

La résistance du camp entreprend une mission de sauvetage des officiers, mais seulement pour trois d'entre eux. Le plus haut gradé, le commandant Forest Yeo-Thomas est désigné d’office. Charge à lui de nommer les deux autres : il choisira le capitaine Harry Peulevé et le lieutenant Stéphane Hessel.

Ces trois officiers sont transférés au Block 46, réservé aux expérimentations humaines sur le typhus et à l'élaboration d'un vaccin. Les SS ne pénètrent jamais dans ce Block par crainte de contagion. Le plan d’évasion est risqué : il s’agit de prendre l’identité de cobayes sacrifiés pour la mise au point du vaccin et ayant des caractéristiques (âge, physique, …) proches des trois officiers. Une difficulté supplémentaire tend la situation : aucun mourant n’est disponible. L’attente prévue pour quelques jours durera plusieurs semaines.

Points forts

Un roman vrai, très documenté, fruit de recherches approfondies de Grégory Cingal.
Une vérité terrifiante (le camp et les expérimentations médicales) émaillée de lueurs d’humanité.
La découverte de la complexité du camp de Buchenwald avec les rapports de force, les enjeux de pouvoir, la corruption et la résistance clandestine.
L’hommage rendu par l’auteur aux trente-sept officiers et aux trois rescapés.
Malgré une issue connue, une lecture captivante.
Des paragraphes (très) courts et efficaces pour décrire la menace permanente, la survie, la mort mais aussi la camaraderie, la persévérance et le courage.

Quelques réserves

Pour les non spécialistes de la Seconde Guerre mondiale, avec la multitude des protagonistes et des faits historiques, réussir à suivre le cours des événements dramatiques peut être ardu.

Encore un mot...

Interview de Grégory Cingal

« J’ai voulu écrire un roman d'aventure, je voulais aussi raconter une histoire vraie. Ici je n’ai rien inventé, je ne me voyais pas remplir les blancs, d’où un énorme travail de recherche au préalable, alors bien sûr je transpose, je mets en scène, je joue volontairement dans la construction sur les ressorts dramatiques, sur une forme de suspense mais tous les faits que je rapporte, toutes les pensées que je prête aux personnages, j’en ai retrouvé la trace dans les archives, les mémoires ou les biographies que j’ai pu consulter. »

Une phrase

“ Comment fait-on ?

Comment fait-on pour choisir de sang-froid, en âme et conscience, lequel va mourir et lequel aura la vie sauve parmi ses vingt compagnons d’armes ? Le tout en un claquement de doigts. Car à quoi se réduisent les quelques heures qu’il a devant lui pour prendre une décision pareille sinon en effet le temps que deux doigts claquent dans une main comme tombe le couperet ? Comment se résoudre à cette équation monstrueuse : chaque homme qu’il sauvera coûtera la vie à neuf autres. De quel droit, de quelle investiture divine peut-il bien se réclamer pour condamner à mort dix-huit hommes qui ont joué leur vie chaque jour pour la liberté de millions d’anonymes ? Une mort dont lui revient le disputable honneur, non de hâter l’arrivée, ce serait trop simple de s’en tirer ainsi, mais bien de tendre la faux, puisque sauver celui-ci, c’est laisser mourir celui-là. Et celui-là. Et celui-là encore, tous ces visages qu’il fixe dans la pénombre du Block 17, dont la vie pleine qui les anime encore ne tient qu’au fil de son regard qui passe à l’instant sur eux.” Pages 134 et 135