Les choses humaines
352 pages
Infos & réservation
Thème
Soit un couple français. Une essayiste, Claire Davis-Farel- elle est franco-américaine, 43 ans, cinq ans plus tôt elle a été soignée d’un cancer du sein. Un journaliste, Jean Farel, 70 ans, enfant de l’Assistance sociale et orphelin à l’âge de 9 ans, journaliste depuis quarante ans et star du petit écran. Ils ont un fils aimé- Alexandre, 21 ans, tentative de suicide en première année à Polytechnique à cause de la pression de la réussite, brillant étudiant à l’université de Stanford, Californie…
Farel s’accroche à son statut de star, cultive son masque de « personnalité préférée des Français » et aussi sa suffisance et son cynisme, séduit les jeunes filles (journalistes confirmées ou stagiaires), a depuis longtemps une maîtresse- Françoise Merle, journaliste elle aussi, « intègre » précise la romancière. Le couple Claire et Jean est fatigué, « le sexe et la tentation de saccage, le sexe et son impulsion sauvage, tyrannique, incoercible, Claire y avait cédé comme les autres », l’amour fou c’est une vieille histoire, ils tiennent tant et tant l’un à l’autre. « Les choses humaines », c’est un regard acéré sur le monde médiatique…
Roman en trois temps. « Diffraction » pour premier chapitre, puis « Le territoire de la violence » et « Rapports humains ».
Changement d’horizon- Claire vit à nouveau d’amour avec Adam Wizman, son amant. Il est professeur de français dans une école juive dans le 93, département Seine-Saint-Denis, au nord de Paris ; il a deux filles- Mila, l’aînée, grande ado de 18 ans, et Noa, 13 ans. Claire et Adam décident d’emménager ensemble.
L’histoire bascule quand, lors de la nuit du 11 au 12 janvier 2016, dans le local à poubelles près de la station de métro Anvers à Paris, Alexandre, le fils de Claire et Jean, a « un instant d’égarement » avec Mila. Alexandre accusé de viol par Mila. Un instant d’égarement, version au masculin ; un viol, version au féminin… Il est placé sous contrôle judiciaire même si on ne saura jamais si le jeune homme est réellement coupable, il y aura procès- le déni pour Alexandre, la vie brisée dans le silence pour Mila…
Points forts
- Le talent, immense, de Karine Tuil pour dessiner ses personnages. Ainsi en va-t-il, une fois encore, pour « Les choses humaines »… Ça commence moderato, ça continue cantabile… Toutes ces personnes, toutes ces vies, on les croyait normales. Aurait-on oublié que, toutes, elles recèlent une part de secret, de honte, des failles ? Aurait-on oublié ce que sont « les choses humaines » ?
- Le souci constant de l’auteure d’être au plus près de la réalité. Ainsi, pour ce nouveau roman, pendant deux ans, l’auteure a assisté à des procès aux assises, interrogé des avocats, s’est documentée en ces temps de #MeToo et affaire Weinstein…
- Sans faire le moindre tapage, loin d’un scandale orléanais et d’une soif “ nothombesque”, Karine Tuil montre un sens aigu pour la perception (quand ce n’est pas l’anticipation) de l’air du temps- politique, économique, sociétal…
- Une écriture aussi vive que acérée, aussi énergique qu’efficace pour raconter la violence tant physique, psychologique, sociale ou encore sexuelle.
- Le grand roman de l’époque, avec toutes ses affres : les crispations identitaires, les affrontements de classes, la guerre des sexes ou encore la mystification…
Quelques réserves
- Avec la meilleure volonté et la plus mauvaise foi, bien difficile de relever un seul point faible aux Choses humaines.
Encore un mot...
Avec Les choses humaines , Karine Tuil signe un onzième roman aussi implacable qu’efficace. D’une écriture acérée et vive, l’auteure décrypte l’époque avec ses us et ses rouages - tout y passe, la famille, le sexe, le viol, la violence. On a là un des grands textes français de l’année 2019 - à lire de toute urgence !
Une phrase
« La déflagration extrême, la combustion définitive, c’était le sexe, rien d’autre- fin de la mystification ; Claire Farel l’avait compris quand, à l’âge de neuf ans, elle avait assisté à la dislocation familiale provoquée par l’attraction irrépressible de sa mère pour un professeur de médecine rencontré à l’occasion d’un congrès ; elle l’avait compris quand au cours de sa carrière, elle avait vu des personnalités publiques perdre en quelques secondes ce qu’elles avaient mis une vie à bâtir : poste, réputation, famille… »
« Sa mère, c’était un sujet tabou. Anita Farel était une ancienne prostituée toxicomane qui, après avoir eu quatre fils de trois pères différents, les avait élevés dans un squat du XVIIIe arrondissement. Jean l’avait retrouvée morte, un après-midi, en rentrant de l’école, il avait neuf ans. Ses frères et lui avaient été placés à la DDASS. À cette époque, Jean s’appelait encore John, surnommé Johnny- en hommage à John Wayne dont sa mère avait vu tous les films. Il avait été accueilli et adopté par un couple de Gentilly, en banlieue parisienne, avec son petit frère, Léo ».
L'auteur
Née à Paris le 3 mai 1972, Karine Tuil est une écrivaine française. Juriste de formation, elle a publié en 2000 son premier roman, Pour le pire . Il y aura ensuite Interdit (2001), Du sexe féminin (2002), Tout sur mon frère (2003), Quand j’étais drôle (2005), Douce France (2007), La Domination (2008), Six mois, six jours (2010, prix littéraire du roman news), L’Invention de nos vies (2013, finaliste du prix Goncourt, en cours d’adaptation au cinéma) ou encore L’Insouciance (2016). Les choses humaines est son onzième roman. Traduite dans de nombreux pays (dont les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, la Grèce ou encore la Chine), Karine Tuil dit et répète : « Ecrire, c'est prendre le risque de déplaire, un texte doit susciter des réactions contraires. C'est une forme d'expression de liberté, surtout sur des sujets brûlants ». Elle a reçu en avril 2014 les insignes de chevalier de l'ordre des Arts et des Lettres avant d’être promue, en mars 2017, au grade d’officier.
Ajouter un commentaire