Les bourgeoises
154 pages
15 euros
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Thème
Quelques nouvelles bien choisies mettent en avant l'attitude caractéristique des bourgeoises dans certaines situations : avec les nounous, sujet inépuisable, le choix des écoles catholiques pas forcément pour les bonnes raisons, le racisme quotidien...
Points forts
- La préface, extrêmement pertinente, de Virginie Despentes, vaut son pesant d'or et a le mérite de nous mettre tout de suite dans le bain
- Une chose est sûre : toutes les bourgeoises présentées dans ce roman ont un but commun : le paraître, critère essentiel de leur existence ici-bas. Et les compromissions auxquelles elles doivent se soumettre pour donner une impression d'appartenance naturelle déclenchent le rire systématiquement. Ce roman est plein d'observations criantes de vérité, relatées avec un humour féroce
- Les bourgeoises, sous couvert de drôlerie, sont sévèrement égratignées. Leurs moindres petits travers sont répertoriés et Dieu sait s'il y en a ! Le plus important est ce réflexe mouton de Panurge qui fait que ces dernières n'ont droit à aucune originalité ; il faut impérativement se situer dans le sillage des petites camarades de classe sociale que l'on admire et envie. Celles qui sont nées bourgeoises ont plus de facilités à entrer dans le moule mais pour les autres, cet apprentissage n'est pas de tout repos
- Autre maître mot : le mensonge, suivi de compromissions éhontées. Là encore, par son sens aigu de l'observation, l'auteur nous propose des cas invraisemblables
- Détail amusant : on réalise, dans ces nouvelles, que les enfants - je ne parle pas des ados - ne sont absolument pas sensibles aux desiderata des parents voulant les entraîner dans cette quête. Ils ont des copains de classe de n'importe quelle couleur et de n'importe quel niveau social
- Cette traque aux signes extérieurs de la bourgeoisie est à la fois attristante dans les faits et réjouissante dans sa narration
Quelques réserves
Une seule réserve : il reste quelques travers non signalés !
Encore un mot...
La nécessité absolue d'appartenir à cette caste d'élus par tous les moyens est remarquablement décrite par l'auteur qui, manifestement, possède son sujet sur le bout des doigts. Par instants, on frôle le ridicule. Et lorsque les moyens financiers ne suivent pas, ces dames étalent leurs emplettes de faux Vuitton pour les sacs, de faux clou d'or en bracelet, le reste à l'avenant. C'est le règne de la contrefaçon. Il suffit de vérifier, ne serait-ce que dans le métro, le nombre de faux sacs Vuitton dans une seule rame. Le paraître, vous dis-je ! L'auteur nous propose ici une étude sur cette catégorie sociale, avec des détails croustillants bien réels et c'est une réussite.
Une phrase
- "Dans une seule chambre......on y a entreposé ma collections "d'objets inutiles" : une cuiller en pierre ponce, un tournevis sans manche, un pommeau de douche non perforé, un rouleau à pâtisserie à la surface accidentée..."(p.14)
- "... faisaient sa joie, comme un panier de chatons découvert dans un placard sombre." (p.70)
- "Pourquoi perdre son énergie à se battre contre des gens qui prétendent que les premiers seront les derniers ? Qui remplissent d'eau bénite des petits bibelots dorés ?" (p.79)
L'auteur
Astrid Eliard (1981, France) a entamé une carrière de journaliste puis est devenue enseignante et enfin s'est mise à l'écriture, sous forme de romans et nouvelles. Ces ouvrages ont été couronnés de nombreux prix. Elle a, entre autres, publié, tous trois au Mercure de France, Les nuits de noce ( 2011), Danser (2016) et La dernière fois que j'ai vu Adèle (2019).
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