Les Bourgeois
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Thème
Le roman commence par une date : 9 novembre 2013. C’est le jour de la mort de Jérôme Bourgeois, membre d’une famille aux ramifications multiples dont le patronyme coïncide avec le statut social. Beaucoup d’autres dates scanderont le récit, dans le désordre -du 28 avril 1869 au 13 avril 2016-, et seront associées à des petits ou grands événements, toujours en lien avec l’histoire de cette lignée représentative d’une partie de la société française.
Points forts
- Des descriptions fines et sensibles de la vie au sein d’une grande famille.
- Une alternance entre l’infiniment petit et l’infiniment grand : des plongées dans l’intime et des pages au caractère plus épique.
- Le roman, comme la famille, est fait d'une multitude d’unités distinctes finissant par former un tout qui se déploie jusqu’au vertige.
Quelques réserves
Je n’en vois pas.
Encore un mot...
Cela aurait pu être une simple saga familiale, mais la composition, originale, bouscule l’ordre chronologique pour nous inviter à un voyage dans le temps fait de bonds en avant et de retours en arrière. Au fil des épisodes se tissent les liens entre les événements du quotidien et la grande Histoire.
La narration, élégante, se mêle habilement à de fines analyses. Ainsi retrouve-t-on les thèmes chers à Alice Ferney, notamment une réflexion sur la place de la femme au sein de la société, mais aussi au cœur de la famille dont elle est toujours le vibrant pivot. La maternité, le don de soi, le passage de la vie à la mort, le sens du devoir et de l’honneur…Si Grâce et Dénuement abordait ces sujets dans le monde des gitans, ce sont d’autres codes qui régissent la vie de ces Bourgeois (faut-il mettre la majuscule?) et pourtant on ressent ce même attachement à la tradition dont on peut se demander si elle est un poids ou une force. Quelle place pour l’accomplissement individuel dans ce monde où les valeurs du groupe prédominent ? Alice Ferney nous propose, par le biais d’une narratrice qui reste discrète sur sa place dans cette grande famille, un regard attentif sur chacun de ceux qui la composent, et sur un pan d’Histoire, de la fin du XIXème siècle à nos jours.
Une phrase
- « Jérôme ne chercha pas le trésor de sa vie ailleurs que dans sa propre maison. Il ne courut pas le rêver sur les routes du monde. Il ne leva pas le regard vers le vent. Il se préoccupa de ceux à qui le liait sa vie. Il ne laboura pas un autre champ que celui des siens. Comme un végétal, un grand arbre rejet d’un grand arbre, il enfonça ses racines là où se présentait l’occasion de croître et de servir. » P. 23.24.
- « Un dialogue secret se tenait entre la mère et le nouveau-né. Tes cris sont des appels. Tes grimaces sont des sourires. Je te comprends. Tu me verras. Tu parleras. Tu marcheras. Tu seras courageux, éclairé, juste, disait la sérénité de Mathilde. Je t’invite à devenir, disaient ses gestes. Et Jules captait cette mère en attente, qui projetait sur son corps minuscule et vulnérable toute l’énergie de son rêve. » P. 68.
L'auteur
Depuis Le Ventre de la Fée publié en 1993, Alice Ferney s’est imposée dans le monde des lettres avec dix autres romans, tous parus aux éditions Actes Sud. Grâce et Dénuement a reçu en 1997 le prix Culture et Bibliothèques pour tous.
Commentaires
Superbe livre . Passionnant comme toujours. Merveilleusement bien écrit.
Excellent livre. Il nous fait toucher du doigt le fait qu'il n'est pas facile lorsqu'on est plongé au coeur de l'actualité, de démêler les vrais enjeux.Il n'est pas facile d'avoir la réponse adaptée aux circonstances.C'est à méditer pour notre actualité de 2018.
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