Les belles ambitieuses
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Autres temps mais pas autres moeurs, ce n’est pas par hasard si Stéphane Hoffmann emprunte ce vers au poème de Musset , "les belles ambitieuses », pour ce roman qu’il situe à la fin des trente glorieuses, entre les années soixante-dix et quatre-vingt-dix, La Comtesse de Florensac, un petit côté Marquise de Merteuil à ses heures, veut faire et défaire la vie politique dans son salon, et parfois de son lit: "qui sort du gouvernement sort de son lit »
Isabelle Surgères, de gauche comme il est de bon ton de l’être à cette époque, belle et ambitieuse, veut changer le monde, guère moins, guère plus. Et si possible en occupant un poste de ministre, cela va sans dire.
La mutine Coquelicot aime offrir l’amour à ceux qui en sont dignes, il n’y a pas de plus belle ambition.
Maxime, dite Max, ambitionne de son côté d’aider les plus démunis, et les plus démunis à ses yeux sont les chevaux promis à l’équarrissage.
Toutes ces ambitieuses tourbillonnent autour d’Amblard Balmont- Chauvry, énarque et polytechnicien promis à la gloire et à la réussite. Or notre homme n’a pour autre ambition que de s’adonner à la paresse, l’amour et toutes les gourmandises de la vie. Il a vingt-cinq ans et dans son milieu huppé versaillais on hoquette d’incompréhension, sinon de consternation.
Points forts
• La satire de la société actuelle, toute tendue vers un seul but, la maitrise du pouvoir, de la reconnaissance, de la célébrité, de la combine politique et financière.
• Indéniablement le style: l’auteur par ses piques feutrées et assassines nous régale de sa prose fine et élégante. Il y a du Jean d’Ormesson chez Hoffmann.
• Enfin un roman dans cette rentrée littéraire qui fait la part belle au rire, quand bien même fut-il grinçant.
Quelques réserves
Un roman très « parisien ».
Encore un mot...
Ce roman n’est rien d’autre qu'une comédie humaine mélancolique. L’auteur se pose ici en entomologiste cruel, acide mais si drôlatique, de la France des années Giscard-Jospin qu’il décrit avec une verve mordante, ironique mais toujours élégante. Forcément, on pense à la Bruyère en parcourant les pages des « Belles ambitieuses ».
"Le cheval passa, les poules le suivirent, remplies d’espoir. » Jean Giraudoux, "Provinciales". tout est résumé dans cette phrase.
Une phrase
-"Pour ma fortune et mon malheur, j’ai eu l’intelligence à la mode de ces années là. A vingt-cinq ans, je suis énarque et polytechnicien. Ce qui ne m’empêche pas d’être un con. »…….
-"Plus Delamare est cynique, mieux ses ministres l’apprécient: il est tellement drôle. Pour se faire respecter, il propose projets déments et coûteux , tout en multipliant les propositions de réglementations inutiles: tout est accepté.
Pour se faire craindre de ses subordonnés, il sanctionne les bons et félicite les mauvais. Pour s’en faire aimer, il donne des cocktails et des jours de congés. Et l’étoile Delamare monte au ciel politique. »
L'auteur
Né le 6 mars 1958 à Saint Nazaire, Stéphane Hoffmann, après des études de droit, s’est d’abord orienté vers les relations publiques avant de devenir journaliste au Figaro.
Journaliste et critique littéraire, Stéphane Hoffmann publie Le Gouverneur distrait, en 1989, et obtient le prix Nimier pour Château Bougon, en 1991.
Des filles qui dansent (2007) et Des garçons qui tremblent (2008) le consacrent comme un de nos plus brillants romanciers. Les autos tamponneuses, en 2011, confirment son succès. Les belles ambitieuses lui ont valu une nomination pour le Renaudot.
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