Les Amies
Parution en février 2023
245 pages
20 Euros
Infos & réservation
Thème
Tout débute le 23 mai 2021, Armelle se souvient. Elles sont trois amies : Armelle (la narratrice) Rim (la « meilleure amie » d’enfance) Anna la proche collègue devenue amie. Le roman nous entraîne de l’enfance à la quarantaine.
Armelle et Rim se connaissent depuis l’enfance; elles partagent tant de souvenirs dans leurs familles cabossées ! Anna s’est jointe à elles par le biais du travail. Jeunes mères, au mi-temps de leurs vies professionnelles, les trois amies « souffrent » des affres post-maternité, de leurs vies qui semblent trop tracées. Elles veulent croire qu’il est possible d’allier encore liberté et complicité.
2014 – Elles décident de passer une semaine sur l’île de Djerba pour les vacances de Noël. Cette parenthèse leur semble nécessaire pour « se réapproprier leurs corps et leurs vies ». Elles se prennent des amants !
Retour à Paris … le quotidien reprend ses droits… Les liens se distendent.
2018 – Elles décident de faire un court séjour sur une île bretonne dans la baie de Morlaix ; il fait froid, le vent souffle, elles sont isolées. Dans l’atmosphère oppressante de l’île, cette « crise amicale » prend de l’ampleur jusqu’au drame ...
Points forts
Une bonne description dans l’air du temps de l’amitié féminine entre l’évocation de l’enfance de la narratrice et de Rim, puis l’arrivée d’Anna, et un quotidien fait de rêves et de projets. Ces trois amies sont sur la même « longueur d’ondes » lorsqu’elles parlent de leur ressenti après les rencontres avec leurs compagnons et l’arrivée des enfants.
Leur envie d’une parenthèse nécessaire met en valeur les maris : des hommes progressistes qui gardent les enfants, assument le quotidien et acceptent « les écarts amoureux » de leurs compagnes.
Une narration plutôt drôle de leurs vies.
Quelques réserves
Ce livre est-il le reflet de la société féminine actuelle ? Il y a beaucoup de questionnements existentiels. Je n’ai pas adhéré à tous ces « raisonnements » mais c’est un avis très personnel.
Encore un mot...
Tout au long de ce roman, se pose une question : une amitié qui semble évidente et « inconditionnelle » peut-elle résister au temps qui passe ? La narratrice nous entraîne entre les souvenirs d’enfance et le quotidien ; les trois amies ont donc besoin de se retrouver elles-mêmes devant le désir qui s’estompe à l’approche de la quarantaine. Elles se prennent des amants, mais ces hommes égocentriques ne les font pas rêver. Armelle se demande s’il faut prendre le risque de tout recommencer plutôt que de privilégier une relation durable. Mais est-ce cette vie qui leur pèse ? Elles sont en train de passer de la passion physique au besoin de se réaliser professionnellement.
Un an après la Tunisie, les trois amies ne sont plus « dans le grand réveil de leurs corps ». Rim étudie avec acharnement le piano, Anna se lance dans la psychanalyse et Armelle, la narratrice, dans la réalisation cinématographique. Les liens se distendent de plus en plus ; la « crise amicale » couve. Lors de ce week-end breton, Rim découvre que Armelle utilise ses traits de caractère, ses souvenirs d’enfance pour son scénario. C’est la trahison et le glas de leur amitié. Pourront-elles continuer à se voir ?
C’est donc l’histoire d’un questionnement sur le quotidien, ce qui crée l’amitié et ce qui la détruit. C’est un livre qui peut être drôle, vulgaire par moments, mais sensible… Un livre de lectrices !
Une phrase
- « C’est un bloc de ciment dont je ne vais pas sortir de la journée parce que, comme d’habitude à cette date, je me lance dans la géographie d’une amitié perdue ». P.14
- « Même quand c’est fulgurant, ça reste moins rapide que l’amour, l’amitié. C’est un processus rampant, qui ne prévient pas quand il arrive et qui vient de loin. (…) Au début, c’est fragile, on ne sait pas si cela va se synchroniser, et puis un matin au réveil, ça ne fait plus aucun doute ; c’est là ». P.68/69
- « Ce trio ne fonctionnait plus. La jeunesse, la sororité, la maternité et la post-maternité étaient derrière nous, chacune était prise dans ses occupations de pré-quadra. A trente-huit ans, nous nous engagions dans la fameuse quête de sens de la seconde partie de la vie. »p.133
L'auteur
Nolwenn Le Blevennec est journaliste, rédactrice en chef à L’Obs et romancière. Elle a publié en 2021 son premier roman, La trajectoire de l’aigle, paru en Poche en janvier 2023. Les Amies est son second roman.
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La vie est belle
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