L’Enfant réparé
Parution le 29 septembre 2021
231 pages
19 €
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Thème
L'auteur évoque sa vie, ses combats personnels, ses succès et ses échecs, en particulier et pour ces derniers, ceux d'ordre matrimonial, son parcours tardif d'écrivain et sa quête de vérité à travers son œuvre. Ainsi convoque-t-il dans L’Enfant réparé sa jeunesse malheureuse, la souffrance de sa mère délaissée par un mari absent, la sienne propre éprouvée par l'éloignement et la pension, l'absence et l’indifférence du père.
La quête de vérité de l’auteur, héros de son propre roman, engagée par ses deux derniers ouvrages, ainsi notamment Mon Père, doit le mener jusqu’à cette vérité supposée ultime, celle qui va lui révéler la cause de son mal-être, son inconséquence aussi dans la conduite de sa propre vie. L’écriture de ce roman-essai autobiographique, la thérapie et le regard d'une femme aimante devraient avoir raison de cette tourmente intérieure.
Points forts
- Quelques fulgurances propres au style de Grégoire Delacourt, ainsi pour traiter la faiblesse et la lâcheté de l'homme qui quitte sa femme pour une autre.
- Un langage souvent elliptique qui peut atténuer les écueils de l’exercice psychothérapeutique et égocentré.
Quelques réserves
Beaucoup de poncifs pour condamner le déterminisme, l'absence de libre-arbitre, l'explication de toutes les faiblesses humaines par celles reçues en héritage et l'excuse générale qui s'y attache.
Encore un mot...
Grégoire Delacourt - cet auteur qui a signé une belle œuvre jusque-là romanesque pour offrir au lecteur la souffrance d’un père qui découvre les outrages subis par son fils (Mon Père, paru en 2019), puis son expérience vécue du désastre du couple, celui de ses parents à travers la perception d’un fils autiste ( Un jour viendra couleur d’orange paru en 2020) - va s’engager ici dans une démarche singulière en réduisant ces deux livres à deux étapes de sa quête de vérité personnelle, à deux étapes d’une thérapie qui trouve son épilogue par « la » révélation ultime supposée l'affranchir de toutes ses dérives.
Le lecteur est-il concerné par ces ballades introspectives de l'auteur ? A-t-il vocation à remplir le rôle du psychiatre qu'il devient par destination, rôle qui lui est ainsi assigné à son corps défendant ?
Les publications récentes et très médiatisées sur le sujet, les violences sexuelles aux enfants et l’inceste, pour poignantes et bouleversantes qu’elles soient, auraient sans doute dû épargner le lecteur de Grégoire Delacourt.
Imagine-t-on Balzac, Maupassant, Zweig ou Mauriac dénoncer les vices de leurs pères et de leurs mères, ce qu’ils n’ont pas manqué de faire au demeurant, en s’exprimant à la première personne, et en cherchant à travers leur révélation, l’indulgence de leurs lecteurs pour la conduite erratique de leurs vies !
Ce n’est pas tant le talent littéraire de Grégoire Delacourt qui est en cause que ce choix contestable qui semble procéder finalement de la confusion des genres, au demeurant assumée puisque l’auteur a déclaré « le jour où j’ai appris que j’étais une victime, je me suis senti vivant », ce qui peut fort bien se concevoir et suppose même beaucoup de compassion mais ne justifie pas le traitement de cette confession à épisodes, sous la forme du roman, voire de l’essai, tel qu’on se prête à le qualifier ici ou là.
C’est l’auteur qui n’est pas à sa place. Question de point de vue !
Une phrase
"Cet hiver-là, mes démons ont failli tout emporter de nos vies. Broyer notre amour. J’étais de nouveau l’enfant tourmenté, cette fois dans le brouhaha du corps d’un homme. J’ai peur, m’avertit ma femme et mon amie, j’ai peur parce que je ne te reconnais plus. Et elle ne m’aima plus. Alors je partis en exil dans notre maison du Sud. J’y laissai le personnage d’Antoine prendre possession de moi. Dans les heures où je n’écrivais pas, où je ne tremblais pas, je m’essayais aux nœuds coulants, éprouvais dehors la solidité de quelques branches centenaires, je buvais du vin et comme on boit de la citronnade en été, je laissais mon corps à l’abandon, je voulais que personne ne le convoite plus, ne l’approche plus. Le chagrin est une haine de soi. Puis un matin de gel elle m’a dit Reviens. On va te guérir."
L'auteur
Grégoire Delacourt, publicitaire talentueux, est venu tard à l’écriture et au roman en publiant en 2011 L'Écrivain de la famille (Le livre de Poche) . Avec La Liste de mes envies, publiée l’année suivante chez J.C.Lattès, il va prendre place dans le petit monde des auteurs français à succès. Le livre va dépasser en tirage le million d’exemplaires et connaître diverses adaptations au théâtre et au cinéma.
D’autres romans viendront, ainsi en 2019, Mon Père (Lattès), un beau livre qui traite de la souffrance d’un père broyé par le viol subi par son fils, un ouvrage un peu facile et racoleur sauvé par sa chute qui traite très bien du pardon et de l’abnégation. L’année suivante, Un jour viendra couleur d’orange (Grasset) qui traite de la déshérence d’un couple confronté aux épreuves de la vie, à commencer par l’autisme de leur fils, avec pour toile de fond la crise des gilets jaunes…Les tirages sont bons, parfois très bons, les ouvrages souvent primés, mais les grands prix ne sont pas encore au rendez-vous.
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