Le Voyant d’Etampes
Parution en août 2021
382 pages
20 €
Infos & réservation
Thème
L’heure de la retraite a sonné pour Jean Roscoff, professeur d’histoire sans ambition et peu écouté pendant trente-cinq ans à l’université. Désoeuvré et seul depuis que sa femme l’a quitté, il se laisse aller à ses mauvais penchants : mollesse, paresse, ivresse. Il se voit comme un raté dans le regard impitoyable de la compagne de sa fille « éveillée, conscientisée », alors qu’il idéalise ses années de militantisme au sein de SOS Racisme dans les années 1980.
Cependant, comme ranimé par un sursaut, il se ressaisit et reprend un projet ébauché quarante ans plus tôt, la biographie d’un poète américain noir méconnu, venu en France pour fuir le maccarthysme dans les années 1950. Sa fille lui déniche un petit éditeur, le livre sort dans l’indifférence générale … Mais un blogueur réagit, il lui reproche de ne pas avoir assez insisté sur l’identité noire du poète, le voilà accusé de racisme, lui qui l’a tant combattu. La polémique enfle, tout en le laissant abasourdi par cette cabale atroce et injuste. Les réseaux sociaux et les journaux se déchaînent en meute contre lui. Insulté, calomnié, attaqué jusqu’à son domicile, il devient infréquentable. Lâché par tous, il doit même quitter Paris …
Points forts
Une construction habile, fondée sur une mise en abyme de la biographie qui porte le même titre, sur une intrigue bien ficelée et sur un retournement de situation à la fin.
L’auteur réussit à rendre comique cette descente aux enfers. Le récit des échecs, des bévues et des mésaventures de son antihéros est d’une drôlerie irrésistible. En outre, ce vieux romantique mélancolique qui ne comprend rien à son époque et qui croit encore à un humanisme disparu reste terriblement attachant.
Rien n’échappe à sa plume acérée : il se moque allègrement des aberrations identitaires contemporaines à partir de la déconstruction méthodique des stéréotypes de genre et de race, comme du règne sans partage de Sartre dans les années 1950 ; il s’en prend au féminisme intransigeant ou à l’université, en pleine dégringolade, soumise aux minorités agissantes ; il brocarde le nouveau langage des jeunes et leurs codes disruptifs … Le mot trahison revient souvent, il ironise sur les lâchetés complaisantes et l’embourgeoisement des membres de la Famille de gauche, loin de l’idéal d’égalité et de fraternité de leur jeunesse. Bref, ses attaques tous azimuts révèlent sa liberté d’esprit.
Quelques réserves
Aucune.
Encore un mot...
Dans ce tableau réjouissant de notre époque, Abel Quentin révèle un talent plutôt rare, celui d’évoquer des sujets graves sur un ton malicieux et piquant, qui fait mouche. En s’amusant des nouveaux « éveillés », c’est lui l’éveilleur des consciences sur les ruptures idéologiques d’aujourd’hui et leur folle diffusion ! Ce roman intelligent, brillant et audacieux, dans lequel transparaît son amour de la littérature au cœur de l’intrigue, mériterait un prix.
Une phrase
« Il y avait cependant quelque chose que je ne comprenais pas. Quel crime avais-je commis … qui justifie que je sois sacrifié ? Précisément, j’avais posé un regard non racisant sur mon sujet, Robert Willow. Je l’avais déracisé. Je n’avais vu, je n’avais voulu voir que le poète frère, mon frère mélancolique. Je n’avais pas vu le Noir. » p.173
L'auteur
Né en 1985, Abel Quentin est avocat pénaliste. Il a obtenu un vrai succès avec son premier roman Sœurs en 2019, sélectionné pour le Goncourt et finaliste du Goncourt des lycéens. Le Voyant d’Etampes est en lice pour le Goncourt, le Renaudot et le Flore.
Commentaires
très déçue on y comprend rien, trop d’anglicisme de terme de jeunes trentenaires citadins bobo et parisiens. J’avais choisi ce livre à la mediatheque car j’avais beaucoup aimé son premier livre "soeurs", dommage !
un des plus beau livres lus ces derniers mois ,une écriture remarquable ,alliant humour ,sérieux bousculant tous nos petits conforts
ce livre et une pépite avec toutes ces références historiques ,culturelles ,comment peut on on ne pas aimer si tant est nous avons peu de temps pour lire de bons livres
bravo
Une critique très pointue de la postureintelletuelle de Sartre à nos jours.J'ai adoré
Un bon moment de lecture...Même si les propos sonnent justes, quand même une petite impression d'hurler avec les loups...
Ça n'avance pas, c'est répétitif (on a envie de secouer le livre pour faire tomber toutes les pages superflues) , ça surfe sur l'intersectionalité, la desinvilibisation et autres questionnement actuels avec une mollesse faussement drôle. Pas désagréable à lire mais bien décevant compte tenu du foin fait autour....
Quelques longueurs ça et là certes, sur un roman frisant parfois le travail universitaire imposé, mais au fil des pages on se laisse prendre au fil du récit, servi par un style que l'on peut qualifier de décontracté teinté d'un humour léger et parfois sarcastique, à la manière des plumes journalistiques. Les quelques passages plus sérieux et bien documentés rapportent la lucidité et la pertinence des réflexions bien au delà de l'âge de l'auteur... on pourrait s'étonner de ce regard particulièrement lucide et sans pitié sur une génération dite des baby boomers qui ont bien du mal à se remettre en question et à interroger leurs erreurs et leurs actes passés. Les personnages campés dans une épaisseur toute relative, servent cependant avec réalisme et acuité une peinture de la société actuelle, ses errements, les réseaux sociaux les emballements médiatiques, le monde des éditions, les interrogations sociétales, le racisme, le genre... Un tourbillon salutaire qui invite à la réflexion! A lire.
J'ai beaucoup aimé ce livre qui pourtant ne m'attirait pas. Vos commentaires sont parfaitement judicieux.
Je viens de terminer ce livre qui m’a embarquée.
J’ai apprécié l’écriture et le rythme.
Un peu déçue toutefois par la fin.
Ajouter un commentaire