Le Vieux Saltimbanque
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Thème
Dès les premières lignes de « Le Vieux Saltimbanque », le lecteur est prévenu : Jim Harrison a choisi la fiction à la troisième personne, il ne voulait pas « donner la part belle à l’illusion de réalité propre à l’autobiographie ». Mieux : l’écrivain américain ne manque pas de rappeler qu’il avait déjà publié ses Mémoires en 2003, c’était « En marge », alors qu’il approchait la soixantaine et que la mort lui faisait la cour.
« Le Vieux Saltimbanque » (qui devait initialement être titré « Le Vieux Bâtard »), c’est, réunis en un texte court (moins de 150 pages), les souvenirs, le mariage, les amours, les amitiés, les pulsions sexuelles à l’épreuve des derniers âges de la vie.
« Le Vieux Saltimbanque », c’est aussi l’hymne aux plaisirs de la table, au vin (que Harrison a toujours consommé plus que de raison), au sexe (« le plus puissant despote régnant sur nos jours»), aux jeunes femmes peu vêtues, aux beatniks, à la pêche à la mouche (avec ces mots définitifs que son père lui avait dit un jour : « Dieu est une rivière à truites ») ou encore les drogues et leurs paradis artificiels.
Ce petit livre, c’est également le testament littéraire de « Big Jim », le surnom d’un homme aussi libre que provocateur qui, à la fin de sa vie, pour assouvir un rêve d’enfance, acquiert pour 300 dollars une truie Hampshire qu’il promènera dans la campagne et qui, deux semaines plus tard, lui donnera neuf porcelets…
Points forts
- Dans ce texte en forme de fin de partie, plus que jamais Jim Harrison prend un plaisir immense à bousculer toutes les conventions, les littéraires tout aussi bien que celles de la vie.
- L’humilité avec laquelle il avoue ne trouver, hélas, « aucune trace dans mes propres livres » de Dostoïveski et Faulkner qu’il avait pourtant, jeune homme, étudié à fond…
- Un écrivain qui se présente misanthrope mais qui évoque comme personne ses frères humains.
- Avec des mots crus et tendres, frais et sombres, le dernier tour de piste d’un clown qui savait que la sortie de piste était toute proche, et qu’il dirait bientôt « Adieu la vie ».
- Avec une pudeur belle et sincère, l’auteur évoque son amour (avec beaucoup de hauts et tout autant de bas) pour sa femme Linda, dont la mort en 2015 l’a dévasté…
Quelques réserves
Une question qui demeure, une fois « Le Vieux Saltimbanque » refermé, sans réponse, pour beaucoup : Jim Harrison était-il un génie littéraire ou « un chien savant qui faisait son numéro pour du fric » ?
Encore un mot...
Peu avant de signer son bon de sortie de la vie, Jim Harrison a rédigé son testament : une autobiographie écrite à la troisième personne. Il n’y cache rien et démontre, une nouvelle fois, qu’il fut, à mon avis, un écrivain essentiel. L’écrivain de la liberté et de la provocation.
Une phrase
- « Quand tu te crois perdu, assieds-toi et calme-toi. La panique entame ton énergie ».
- « La nuit était d'une insupportable beauté et les constellations échangeaient leurs messages cryptés. Il lui dit qu'il s'agissait peut être d'une langue inconnue utilisée par Jésus et Bouddha pour se parler ».
L'auteur
Né le 11 décembre 1937 à Grayling, Michigan (Etats-Unis), Jim Harrison était un écrivain américain parmi les plus réputés. Sa mère était d’origine suédoise et son père, agent agricole spécialisé dans la conservation des sols. Il a 7 ans quand, au cours d’un jeu, son œil gauche est crevé. A 16 ans, il décide qu’il sera écrivain, « de par mes convictions romantiques et le profond ennui ressenti face au mode de vie bourgeois et middle class » et quitte alors le Michigan pour vivre à Boston puis à New York. Il a 19 ans quand son père et sa sœur meurent dans un accident de voiture. A 23 ans, il se marie avec Linda- ils auront deux filles. Grand admirateur de René Char, au mitan des années 1960, il publie son premier recueil de poésie : « Plain songs ». Suivront des romans (entre autres, « Un bon jour pour mourir »- 1973 ; « Dalva »- 1988 ; « La Route du retour »- 1998 ; « Péchés capitaux »- 2015), des nouvelles, des essais, des scénarios et même une autobiographie (« En marge », 2003) complétée par « Un vieux saltimbanque » dont la version originale est parue un mois avant sa mort à Patagonia, Arizona le 26 mars 2016.
Grand amateur d’alcool, de drogues et de jeunes femmes, Jim Harrison était membre de l’Académie américaine des arts et des lettres. Il avait remporté la bourse Guggenheim. So oeuvre est traduite dans 25 langues à travers le monde.
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